Quand les conservateurs dépassent les limites
Ils n'ont aucune difficulté à voir la paille dans l'oeil de leur voisin mais ne voient pas la poutre qui se trouve dans le leur. La facilité qu'ils ont à porter des jugements n'a d'égale que leur incapacité à supporter les regards inquisiteurs à leur endroit. Ils prêchent les vertus de la loi et de l'ordre mais laissent à d'autres le soin de mettre en pratique leur évangile légaliste. Ils sont forts pour donner des leçons de morale aux autres mais leur performance laisse fort à désirer lorsque vient le temps de donner l'exemple. Ils veulent multiplier les interdits alors qu'ils se croient tout permis.
Qui ça ? Les politiciens de la droite conservatrice canadienne.
Ceux-là même qui disent vouloir faire la vie dure aux criminels mais qui ont horreur de se retrouver sur le banc des accusés. Ceux-là même qui prônent l'application de peines plus sévères contre les délinquants juvéniles mais qui font preuve du plus grand des mépris à l'égard des règles du jeu en matière électorale.
Faites ce que nous vous disons, mais gare à vous si vous essayez de nous imiter : voilà ce que nous disent, en substance, les conservateurs de Stephen Harper par leur comportement contradictoire entre le discours et l'acte. S'il y a une morale à cette histoire, alors la voici : les pires ennemis de l'éthique en politique sont souvent ceux qui s'en prétendent les plus fervents adeptes !
À l'approche du scrutin du 14 octobre 2008, le BUREAU DES AFFAIRES LOUCHES a décidé de recenser divers cas de manquements aux lois électorales qui firent les manchettes aux cours des trois dernières années, révélant ainsi le petit côté délinquant des conservateurs de Harper à la population canadienne.
De la nomination d'un élu coupable d'avoir violé la loi électorale au poste de ministre de la justice, en passant par les contributions non-déclarées au congrès de mars 2005, à Montréal, jusqu'à l'enquête du Commissaire aux élections fédérales portant sur la possibilité bien réelle que les conservateurs pourraient avoir dépassés les limites du plafond des dépenses électorales autorisées de plus d'un million de dollars lors de la campagne électorale de 2005-2006.
C'est d'ailleurs l'enquête sur le financement des dépenses électorales qui avait amené la Gendarmerie royale du Canada (GRC) au bureau national de Parti conservateur du Canada, en avril dernier. Peut-on imaginer une situation plus embarrassante pour un parti politique aussi pro-flic que celui de Harper ?
Enfin, c'est encore l'affaire du financement électoral qui expliquerait la dissolution du Parlement et le déclenchement d'une campagne électorale fédérale, le 7 septembre dernier. Après tout, Harper n'a-t-il pas prétendu que le Parlement était devenu "dysfonctionnel" au moment même où des membres du comité permanent de l'éthique réfléchissait tout haut à la possibilité de faire appel aux forces de l'ordre pour obliger les principaux organisateurs du Parti conservateur à témoigner dans cette affaire ?
Il s'en trouvera sûrement certains qui diront que tout le monde a droit à l'erreur. Mais on dit aussi qu'une faute avouée est à moitié pardonnée. Compte tenu du refus obstiné des conservateurs de se livrer au moindre repentir et de leur intolérance quasi-allergique à toutes formes de critiques dirigées contre eux, force est de constater que leurs fautes sont impardonnables.
La loi et l'ordre, mais pas nécessairement dans le même ordre