Raymond Garneau et le scandale des commandites

Publié le par Bureau des Affaires Louches

Raymond Garneau -partie 9

(précédent)

Maintenant que nous avons une meilleure idée du genre de personnage que représente Raymond Garneau, revenons à la question de sa nomination à la tête du Comité consultatif de la Commission Gomery.


Rappelons que ledit Comité aura principalement pour tâche de conseiller M. Gomery par rapport à la Phase II de son mandat, soit celle portant sur les recommandations que le magistrat devra formuler dans son deuxième rapport qu’il doit remettre au gouvernement au plus tard le 15 décembre prochain. Le mandat officiel de la Commission Gomery indique que ces recommandations devront servir à « prévenir la mauvaise gestion des futurs programmes de commandites ou activités publicitaires ».

Selon le communiqué de presse du juge Gomery, les sept membres du Comité « contribueront de manière très importante à la bonne exécution » du mandat de la commission d’enquête sur les commandites. S’il faut en croire l’honorable juge, ces personnes auraient été choisies en raison de leur « expertise collective et individuelle considérable sur la chose gouvernementale, au niveau politique et bureaucratique, et sur le monde universitaire ».

Malheureusement, le communiqué ne précise pas la nature de l’« expertise » que M. Garneau va offrir au juge Gomery. Mais, comme M. Garneau et les autres membres du comité jouissent du statut d’« experts », on peut donc imaginer que Gomery va se laisser influencer par leurs opinions. Après tout, ce sont eux les « experts », pas lui.

On sait toutefois que certaines des recommandations du juge Gomery devront porter sur « les responsabilités respectives des ministres et des fonctionnaires et leurs obligations en matière de reddition de comptes », ainsi que sur « les mécanismes de reddition de comptes au sein des sociétés d’État. »

Or, comme on l’a vu avec le Projet Z, M. Garneau est loin d’être un exemple à suivre en ce domaine. Prétendre le contraire relèverait de la fraude intellectuelle, de la falsification historique et constituerait ni plus ni moins qu’une insulte à l’intelligence du public.

Car, tout comme M. Alfonso Gagliano fut le ministre responsable du programme des commandites durant la période où des patrons d’agences de publicité firent fortune en empochant des millions de dollars en commissions secrètes, M. Garneau avait été le ministre responsable de la Société des alcools du Québec et de Loto-Québec à l’époque où la corruption et le patronage politique était devenu un fléau généralisé à l’intérieur de ces deux sociétés d’État.

Le Projet Z de la CECO avait ainsi révélé l’existence d’un véritable système de corruption au profit de hauts fonctionnaires corrompus à l’intérieur duquel les organisateurs politiques libéraux pouvait s’adonner en toute liberté à un racket d’extorsion pour financer la caisse électorale libérale, et ce, tant à la SAQ qu’à Loto-Québec. Le parti de M. Garneau en avait bénéficié, de même que certains de ses anciens collaborateurs.

Quand on connaît les combines louches qui se pratiquaient à la SAQ et Loto-Québec sous le régime Bourassa, le scandale des commandites apparaît dès lors comme un vulgaire « remake ». Dans un cas comme dans l’autre, ce genre de scandale ne peut survenir uniquement dans un contexte où les mécanismes de contrôle et de vérification des sociétés d’État sont inexistants ou inopérants. C’est là qu’entre en jeu la responsabilité, ou l’irresponsabilité, de M. Garneau du temps où il exerçait la fonction de ministre des finances.

Vu que les audiences de la CECO sur le Projet Z se sont déroulées dans le secret du huis clos, on ne saurait jamais avec exactitude le niveau de connaissance qu’avait M. Garneau de l’existence des pratiques frauduleuses qui se déroulait dans ces deux sociétés d’État. Cependant, il est clair qu’à partir de 1973, M. Garneau ne pouvait ignorer le patronage politique en vigueur à Loto-Québec puisque cette pratique avait été révélée à la lumière d’une enquête du quotidien Montreal Star. De toute évidence, M. Garneau avait alors choisi de fermer les yeux.

Il est vrai que M. Garneau avait fini par clamer son innocence alors qu’il était devenu un simple député de l’opposition et que l’étau semblait se resserrer dangereusement autour de lui. Mais on se souviendra aussi que, du temps où il était aux finances, M. Garneau avait préféré plaider que c’était une « vieille affaire »—sous-entendant vraisemblablement qu’elle ne valait même pas l’encre que les journaux lui consacrait—au lieu de faire un effort pour expliquer aux contribuables comment se faisait-il que la SAQ s’était transformée en un « bar open ».

Après tout, qui a envie d’entendre parler d’une « vieille affaire » ? Sûrement pas M. Garneau ! En affichant une telle nonchalance, on peut sérieusement douter que l’affaire des commandites suscita un haut niveau indignation chez M. Garneau. Après tout, lorsque la vérificatrice générale déposa son fameux rapport critiquant le programme des commandites, en février 2004, l’affaire commençait déjà à être vieille de quelques années.

Ainsi, pendant que la population découvrait avec dégoût que le gouvernement libéral avait versé 100 millions$ à des agences de publicité sans rien obtenir en retour, ou si peu, on peut facilement imaginer M. Garneau en train de hocher la tête, en se disant : « Encore une autre vieille affaire ! »

On n’insistera jamais assez pour dire que la décision de M. Gomery d’engager un pareil personnage pour présider son Comité consultatif dépasse tout simplement l’entendement. M. Garneau représente une preuve vivante qu’il est possible de survivre politiquement à ce genre de scandale. Il symbolise cette insolente impunité dont jouissent les hommes de pouvoir de la grande famille libérale. Dans ce contexte, sa nomination revient à engager un pyromane pour venir à bout d’un incendie, ou encore, à confier une garderie à un prédateur sexuel.

Si, comme le laisse entendre sa fiche biographique, M. Gomery vivait au Québec entre 1975 et 1977, il pouvait alors difficilement ignorer l’avalanche de révélations embarrassantes qui s’étaient abattues sur les sociétés d’État qui relevaient de M. Garneau dans la foulée du Projet Z de la Commission d’enquête sur le crime organisé.

Normalement, le fait que la réputation de M. Garneau ait été entachée par autant de scandales aurait dû le disqualifier automatiquement pour occuper le poste hautement stratégique que lui a confié le juge Gomery. Et pourtant, c’est lui a décroché la job. Seul le fait que trois décennies se sont écoulées depuis le Projet Z permet d’accorder un certain bénéfice du doute au juge Gomery au niveau de la connaissance que pouvait avoir celui-ci du lien entre l’ex-ministre Garneau et cette affaire pour le moins scabreuse.

Mais M. Gomery pouvait-il ignorer que le nom de Raymond Garneau figurait sur la liste des témoins que le Comité permanent des comptes publics de la Chambre des communes entendait convoquer lors de son étude du rapport de la vérificatrice générale ? C’est en effet ce qu’indique un procès-verbal du Comité parlementaire daté du 6 avril 2004 et disponible sur internet. [1]

En l’espace de trois mois, le Comité permanent avait entendu 50 témoins—incluant le mémorable témoignage de Mme Myriam Bédard—durant la période hiver-printemps de 2004 avant que les libéraux ne mettent fin prématurément à ses travaux, au mois de mai de la même année, sous prétexte de l’imminence des élections fédérales. Le nom de M. Garneau figurant dans la catégorie « autres témoins », les raisons de sa convocation n’ont pas été spécifiées.

On ne saura donc jamais avec certitude ce qui aurait pu ressortir de son témoignage devant le Comité, advenant que celui-ci eu l’opportunité de l’entendre. Néanmoins, le seul fait que M. Garneau fut convoqué devant le Comité permanent pour être interrogé au sujet du scandale des commandites aurait dû dissuader le juge Gomery de lui offrir la présidence de son Comité consultatif.

C’est à se demander quels critères le juge Gomery a utilisé pour sélectionner les membres de son Comité consultatif. A-t-on procédé à des vérifications de base afin de s’assurer qu’il s’agit bel et bien d’individus qui ont su démontrer leur intégrité et dont le passé ne cache pas quelques vieux squelettes ? Après tout, c’est la réputation même de la Commission Gomery qui se trouve à être en jeu à cette étape-ci. C’est d’ailleurs ce même juge Gomery qui affirmait, dans sa déclaration préliminaire du 7 mai 2004 que « la réputation est la chose la plus précieuse au monde. »

Bien entendu, on ne peut conclure que M. Garneau a joué un rôle quelconque dans l’affaire des commandites du seul fait que le comité permanent des comptes publics l’avait inscrit sur la liste des témoins à convoquer. Cette possibilité semble d’autant plus invraisemblable si on tient compte du fait que le nom de Raymond Garneau n’a jamais été évoqué par aucun des 180 témoins entendus par le juge Gomery durant les neuf mois qu’il siégea à la tête de la commission d’enquête.

Pourtant, cela n’enlève rien au fait qu’il existait vraisemblablement une raison bien précise derrière le désir du Comité d’entendre ce que M. Garneau avait à dire sur l’affaire des commandites. Ce n’était quand même pas le résultat d’un tirage au sort !

Se pourrait-il que le Comité parlementaire ait décidé de vouloir entendre M. Garneau à cause que son nom aurait été mentionné par un témoin lors d’un témoignage antérieur ? Si c’est le cas, il sera difficile, sinon impossible, d’en avoir le cœur net puisque le Comité parlementaire a décidé de tenir ses audiences à huis clos suite aux vagues qu’avaient suscité la performance controversée de l’ancienne médaillée olympique, Mme Bédard.

Toutefois, lors de la séance du 11 mai 2004 du Comité parlementaire, l’un de ses membres, le député conservateur Jason Kenney, fit une intervention susceptible d’apporter certains éclaircissements sur cette question. Déplorant le fait que le Comité ne pourra entendre de nombreux témoins, M. Kenney avait alors mentionné que M. Garneau figurait parmi les « principaux joueurs du Parti libéral du Canada au Québec qui pourraient nous dire ce qu’ils savaient et s’il y avait du copinage entre les agences de publicité et le Parti libéral »

La seule fois le nom de Raymond Garneau est apparue sur les transcriptions officielles du Comité disponibles sur le web, c’était dans ce contexte-là. Voilà qui pourrait expliquer de façon plausible l’idée de l’avoir convoquer devant le Comité. En fait, il n’y a rien d’exagéré à dire que M. Garneau est bien connecté tant au niveau des libéraux fédéraux que ceux de Québec.

Rappelons que la plus récente nomination de M. Garneau à un poste politique remonte à mars 2003, alors que le chef du Parti libéral du Québec, M. Jean Charest, l’avait choisi pour diriger son « comité de transition ». Or, les libéraux de M. Charest ont eux aussi été éclaboussé par le scandale des commandites, quoique dans une moindre mesure que le Parti libéral du Canada.

Mentionnons à ce titre les démissions, ce printemps, de M. Luc Bastien, chef de cabinet du ministre de la Justice, et de M. Louis Pichette, employé du cabinet de M. Charest à titre d’adjoint aux opérations et aux événements spéciaux, pour avoir accepté de l’argent des commandites lors d’élections antérieures.

Mais surtout, M. Garneau est un homme de confiance du premier ministre Paul Martin Jr., dont le témoignage à la commission Gomery, le 10 février dernier, n’avait pas été des plus convaincants. En 2003, lors des derniers miles de la course au leadership du PLC, M. Paul Corriveau, directeur des politiques au sein de l’équipe de campagne de M. Martin Jr., mentionnait que ce dernier prenait « des conseils de bons amis », parmi lesquels figurait le nom de M. Raymond Garneau. [2]

Mais M. Garneau ne fait pas qu’ouvrir sa bouche pour prodiguer ses précieux enseignements. Entre deux conseils, il ouvre aussi son portefeuille. Ainsi, entre le 1er mai et le 30 juin 2003, M. Garneau versa 3000$ à la campagne de M. Martin Jr. à la chefferie du Parti libéral du Canada. [3]

Par ailleurs, une visite sur le site web du Directeur général des élections du Canada nous apprendra que M. Garneau contribue régulièrement à titre personnel à la caisse électorale du PLC. Sa plus récente donation, d’un montant de 1000$, remonte au 31 décembre 2004. Entre les années 2000 et 2004, M. Garneau a versé un total de 5 972$ au PLC. Si on additionne cette somme aux contributions de M. Garneau à la campagne de M. Martin Jr, on arrive à un total avoisinant les 9000$.

Pour un homme riche à craquer comme M. Garneau, cette somme représente sans doute de l’argent de poche. Néanmoins, ces contributions témoignent de la solidité des liens qui l’unissent à la famille libérale. Quand même, il faut qui l’y croit dans ce parti-là pour avoir cracher de sa poche presque 9000$ ! En bon homme d’affaires avisé, M. Garneau n’investi sûrement pas son argent dans n’importe quoi !

Lors de l’annonce officielle de sa nomination à la tête de la Société du 400e anniversaire de la fondation de Québec, en octobre 2004, on a pu assister à une autre démonstration des connexions politiques de M. Garneau avec le premier ministre canadien. À cette occasion, M. Martin Jr avait fait lire une « chaleureuse lettre de félicitations » à l’intention de M. Garneau.

Grâce à ses entrées politiques des plus privilégiées, M. Garneau réussira là où avait échoué son prédécesseur à ce poste, en convainquant les instances politiques de dénouer les cordons de la bourse des fonds publics. Ainsi, le journaliste du Soleil écrit que le ministre fédéral responsable de la région de Québec, M. Jean Lapierre, était « venu à la course promettre l’engagement financier du fédéral dans l’aménagement d’une partie du littoral, ce qu’on appelle localement le projet des Promenades Champlain. » [4]

Ainsi, les deux paliers de gouvernement fédéral et provincial se sont engagés à dépenser des sommes totalisant 220 millions$ pour les Fêtes du 400ième, qui se dérouleront en 2008. Voilà qui représente une bien coquette somme d’argent. M. Garneau saura-t-il résister à la tentation d’en faire profiter les amis du pouvoir, qui, après tout, sont également ses amis ?

« Je n’ai aucune objection à être aussi transparent que possible », prétendit M. Garneau, déjà sur la défensive. « L’information va certainement être publique, je veux que ce soit ouvert et je n’ai pas du tout l’intention d’avoir une commission Gomery sur les bras quand ça va finir », ajouta-t-il. [5]

Il est vrai que du temps où M. Chrétien était aux commandes du gouvernement, les fêtes du 400ième anniversaire de Québec auraient exactement été le genre d’événement susceptible de déclencher une pluie de commandites permettant à un heureux propriétaire d’agence de publicité de s’en mettre plein les poches. Mais seul l’avenir dira si les Fêtes du 400ième anniversaire de Québec ne donneront pas lieu à une autre foire à du patronage libéral.

En attendant, M. Garneau devra remplir le mandat que lui a confié le juge Gomery. Lorsqu’il siégera au Comité consultatif, M. Garneau pourra-t-il se montrer objectif avec ses amis libéraux qui ont choisi de financer généreusement les célébrations entourant le 400ième anniversaire de la fondation de la ville de Québec ?

Avec autant de motifs de disqualification pour ce poste, la nomination de M. Garneau n’en apparaît que plus suspecte. Le pire, c’est que M. Gomery aurait facilement pu éviter pareille situation, qui ressemble drôlement à une apparence de conflit d’intérêt.

Dans l’atmosphère de méfiance généralisée qui règne à l’égard de la classe politique en général et des libéraux en particulier, n’aurait-il pas été plus sage de la part du juge Gomery de désigner quelqu’un qui n’a aucun lien avec la grande famille libérale, voire quelqu’un de l’extérieur du Québec, que personne n’aurait pu soupçonner d’avoir un parti pris ? Parmi le nombre incalculable de candidats hypothétiques à ce poste, pourquoi avoir précisément arrêté son choix sur lui ? En d’autres mots, en quoi M. Garneau est-il l’homme de la situation ?

En réalité, la nomination de M. Garneau ne fait de sens uniquement dans la perspective où la commission Gomery s’apparente à une bouée de sauvetage politique pour une croisière libérale au bord du naufrage électoral. Compte tenu de l’engagement de M. Martin Jr d’appeler la population canadienne aux urnes 30 jours après le dépôt du rapport final du juge Gomery, les recommandations que formulera ce dernier vont forcément se confondre avec la plate-forme électorale libérale.

« Je suis prêt à être jugé sur les actions que j’aurai prises », disait M. Martin Jr lors de son allocution télévisée du 21 avril 2005. Autrement dit, il va demander à l’électorat de le juger en fonction de sa gestion de l’épineux dossier des commandites. Certains verront sans doute dans cette décision une preuve d’intégrité de la part du premier ministre. Voilà un leader politique qui est prêt à risquer son poste pour reconquérir la confiance des canadiens, pourraient se dire certains.

Bien entendu, il y a autre chose. Bien plus qu’une opportunité de se refaire une virginité auprès de l’électorat, M. Martin Jr va utiliser cette occasion pour consolider son pouvoir en essayant de remporter quelques sièges supplémentaires de façon à doter son gouvernement d’une sécurisante majorité.

Car, de toute évidence, M. Martin Jr n’a certainement pas envie de faire des acrobaties politiciennes et courtiser ses adversaires à chaque fois qu’il aura un budget à faire adopter. Ainsi, M. Martin Jr cherchera à faire du millage politique avec le rapport final du juge Gomery et, en sens, M. Garneau est l’homme de la situation.

Voilà qui est de bien mauvais augure pour cette commission d’enquête qui avait pour mission de ramener un tant soit peu de crédibilité à la réputation du gouvernement libéral fédéral. Ainsi, si la Commission Gomery n’est pas à l’abri des nominations partisanes, alors qui l’est ? Quelle institution fédérale peut prétendre l’être ?

Si le juge Gomery tient à préserver le respect que lui a accordé une portion significative de la population québécoise, il ne lui reste qu’à admettre publiquement son erreur, présenter ses excuses pour le manque de jugement dont il a fait preuve et se débarrasser M. Garneau au plus sacrant. Après tout, il n’est jamais trop tard pour bien faire.

Sources :

[1] VOIR : www.parl.gc.ca/committee/ CommitteePublication.aspx ?SourceId=76499
[2] Presse Canadienne, « Peu de francophones dans l’entourage de Paul Martin », par Sylvain Larocque, 22 septembre 2003.
[3] « Paul Martin - 6th Disclosure — Contributions, including contributions in-kind, collected outside of a blind trust, which are known to the candidate. »
[4] Le Soleil, « Le beau et grand défi de Québec 2008 », par Louis-Guy Lemieux, 17 octobre 2004.
[5] Le Soleil, « 110 millions pour les Fêtes du 400e de Québec », par Gérald Gobeil, 11 mai 2005.

Publié dans Raymond Garneau

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
Voir Blog(fermaton.over-blog.com)No.23. - THÉORÈME GOMERY. - La loi de la Corruption.
Répondre
C
Voir Blog(fermaton.over-blog.com)No.23. - THÉORÈME GOMERY. - La loi de la Corruption.
Répondre
C
Voir Blog(fermaton.over-blog.com)No.23. - THÉORÈME GOMERY. - La loi de la Corruption.
Répondre