David Basi : un organisateur libéral redoutable et redouté
Dossier drogue et politique en Colombie-Britannique -partie 3
(précédent)
Dès le lendemain des perquisitions au parlement, le gouvernement Campbell annonçait le congédiement de M. Basi de ses fonctions d’aide ministériel au cabinet du ministre des Finances. M. Virk, qui était un aide ministériel au cabinet du ministre des Transports, écopa quant à lui d’une suspension avec salaire. Les portes-parole du gouvernement n’ont jamais voulu élaborer sur la différence de traitement entre les deux individus.
L’énigme sera apparemment résolue deux semaines après les perquisitions, lorsque la presse locale révéla que la GRC avait saisi des plantations de marijuana sur une propriété de Shawnigan Lake appartenant à M. Basi. Cette opération policière avait d’ailleurs été entourée d’un si grand secret que même la police de Shawnigan en fut tenue à l’écart. Les policiers ont même pris la peine d’aviser les voisins habitant en face de la résidence de ne pas ébruiter l’affaire. (11)
Les voisins rencontrés par les journalistes ont toutefois accepté de dire qu’ils n’avaient pas remarqué de signe de vie dans la résidence perquisitionnée depuis des années… à part qu’il semblait y avoir beaucoup de vapeur dans les vitres par moments ! De son côté, l’avocat de M. Basi, Me Chris Considine, affirma que son client n’y était pour rien et qu’il avait été victime de « locataires sans scrupules ». (12)
La police ne semblait toutefois pas du même avis. Dans des documents rendus publics en septembre 2004, on apprenait notamment que l’enquête que menait la division des stups de la GRC sur M. Basi portait initialement sur des allégations de corruption et de recyclage de « produits de la criminalité » (biens ou services obtenus avec des profits générés par des actes criminels).
La GRC soupçonnait alors M. Basi d’avoir conspiré avec MM. Jasmohan Singh Bains et Mandeep Sandhu dans le but de blanchir des produits de la criminalité d’une valeur excédant 5000$, entre le 9 décembre 2000 et le 11 décembre 2003. (13)
Les soupçons de l’opinion publique à l’égard de M. Basi augmenteront au fur et à mesure que les médias révéleront que ce dernier semblait mener un train de vie de flambeur que son salaire annuel de 66 800$ ne pouvait normalement lui permettre. Ainsi, M. Basi et son épouse, Inderjit, qui est fonctionnaire pour le gouvernement de C-B, ainsi que sa mère, Sukhbir, qui est femme de chambre, possèdent conjointement quatre maisons dans la région de Victoria dont la valeur totale combinée est évaluée à 1,2 millions $.
M. Basi et son épouse avaient fait l’acquisition de la résidence de Shawnigan Lake d’une valeur de 180 000$, en avril 2003. Le couple a contracté une hypothèque de 135 000$, moyennant un paiement mensuel de 861$, ce qui signifie que la transaction impliqua un dépôt initial de 45 000$. Cinq mois plus tard, le couple Basi fit l’achat d’une maison d’une valeur de 279 900$, à Esquimalt, prenant une hypothèque de 180 000$, signifiant cette fois-ci un dépôt initial potentiellement encore plus élevé.
M. Basi, qui affiche des goûts dispendieux en matière de voitures et de complets assortis, est aussi un contributeur à la caisse électorale du PLC, à laquelle il versa 3 370$ entre 1998 et 2001. La mère de M. Basi, Sukhbir, contribua quant à elle 2 752$ en 1997 et 1998. (14) Enfin, notons aussi qu’en 2002 et en 2003, M. Basi a aussi versé plus de 15 000$ à l’Université de Victoria, où il réalisa ses études. (15)
Lorsque le ministre Collins fut interrogé par un journaliste du Vancouver Sun sur l’origine de l’apparente fortune de M. Basi, il répondit : « Ma compréhension est que son grand-père possédait une scierie à Victoria et que la famille a eu des ressources avec les années ». Or, lorsque le journaliste contacta le grand-père de l’ex-aide ministériel, M. Harjinder Basi, celui-ci a contredit M. Collins en déclarant qu’il n’avait jamais été propriétaire d’une scierie. (16)
Chose certaine, lorsqu’il perdit sa position d’aide ministériel, M. Basi tomba de haut. Il avait été l’aide ministériel d’un gros canon du gouvernement Campbell, M. Gary Collins, qui était à la fois ministre des Finances et leader parlementaire des libéraux. « Il était les yeux et les oreilles de Collins, et Collins est le plus puissant ministre et Basi doit être le plus puissant aide ministériel », selon M. Normand Ruff, un professeur de sciences politiques de l’université de Victoria qui a déjà eu M. Basi pour élève. (17)
En effet, en raison des fonctions de leader parlementaire de M. Collins, M. Basi avait aussi pour responsabilité de gérer à peu près tout ce qui se rendait à la chambre législative, des nouvelles lois et motions en passant par le minutage des débats. De plus, M. Basi assurait aussi la liaison parlementaire entre le gouvernement Campbell et le Nouveau Parti Démocratique, qui constitue l’opposition officielle.
Après avoir gradué de l’Université de Victoria avec un diplôme en sciences politiques, en 1992, M. Basi accomplit un internat de six mois au parlement de Colombie-Britannique lors duquel il porta assistance au caucus libéral au niveau de la recherche, de l’écriture de discours et de la période des questions. Lorsque son internat fut terminé, M. Basi décrocha un poste au sein du ministère des Petites Entreprises. Après les élections provinciales de 1996, il appliqua pour un poste au caucus libéral, qui formait alors l’opposition officielle en C.-B., mais sa candidature avait été rejetée après une vérification de ses références. (18)
Il lui faudra attendre jusqu’après la victoire électorale des libéraux de Campbell, en mai 2001, pour que son grand ami Gary Collins puisse l’engager à titre de membre du personnel politique. Fait exceptionnel, M. Basi était alors le seul aide ministériel à avoir été embauché directement par un membre du gouvernement Campbell (tous les autres avaient tous été nommés par le chef de personnel du bureau du premier ministre, M. Martyn Brown).
Organisateur politique libéral redoutable (et redouté), actif tant sur la scène provinciale que fédérale, M. Basi fit sa marque de commerce en dirigeant une équipe d’organisateurs libéraux Indo-canadiens, surnommés les « Basi’s Boys », spécialisée dans les opérations de recrutement massif et le « paquetage d’assemblées ».
Les « Basi’s Boys » seraient des troupes de choc spécialisées dans les batailles pour le contrôle des Associations libérales de comté. Par exemple, quand il a fallu tasser un candidat à l’investiture libérale d’un comté qui n’était pas bien vu du clan Martin, les « Basi’s Boys » étaient souvent là pour régler le problème.
Le secret du succès des « Basi’s Boys » réside dans leur capacité qu’ils ont à faire apparaître, juste au bon moment, des centaines, sinon des milliers de nouveaux membres, ceux que l’on surnomment les « libéraux instantanés » (« instant liberals ») dans le jargon politique. Comme nous le verrons dans le prochain chapitre, leurs opérations de recrutement impliquent souvent un financement douteux.
C’est justement en recrutant massivement au sein de sa propre communauté indo-canadienne que M. Basi a réussi à se bâtir une solide réputation d’organisateur politique autant chez les libéraux de C.-B. que chez ceux du fédéral. Ce sont des gens non-élus comme M. Basi qui, en tirant les ficelles dans l’ombre, font et défont des candidats au parlement.
Allan Warnke en sait quelque chose. Il a quitté le Parti libéral de C.-B. en 1996 parce qu’il croyait que les Jeunes Libéraux, alors contrôlés par le tandem Marissen/Basi, étaient en train de s’organiser pour l’écarter de son Association libérale de comté. M. Warnke fut député libéral pour la circonscription de Richmond-Steveston de 1991 à 1996. À l’assemblée législative, il était alors le critique officiel de l’opposition libérale en matière de justice et de sécurité publique.
À quelques mois des élections provinciales de 1996, le député Warnke démissionnait bruyamment du caucus libéral. Il se plaignit publiquement que la direction du Parti a choisi un membre de l’establishment libéral pour le remplacer dans son comté. Bref, M. Warnke a senti qu’on était en train de lui montrer la porte et il n’a pas voulu se laisser faire. (19)
Après avoir amplement lavé son linge sale en public, il renonça à mener la bataille pour conserver l’investiture dans son association libérale de comté, en préférant plutôt se présenter comme un candidat indépendant. Inutile d’en dire plus : M. Warnke fut battu haut la main.
Il était intéressant de noter que l’heureux élu qui prit la place de M. Warnke à titre de député libéral pour le comté de Richmond-Steveston, l’avocat Geoff Plant, est devenu le procureur général de la Colombie-Britannique dans le gouvernement Campbell, de mai 2001 jusqu’à sa retraite de la vie politique, en mai 2005. On peut dire que M. Basi sait se rendre utile auprès de ceux qui ont gravi avec brio les échelons du pouvoir !
Puis, en mars 1997, David Basi et sa clique aidèrent l’ancien avocat du caucus libéral provincial de Colombie-Britannique, Me Clark Roberts, à remporter l’investiture libérale pour le comté fédéral de Saanich-Gulf Islands. Dans un reportage de CBC, Clark Roberts était présenté comme « un des plus proches amis » de M. Gary Collins, qui allait devenir le supérieur immédiat de M. Basi quelques années plus tard. (20)
Toutefois, la course à l’investiture que remporta Me Roberts fut entachée par de multiples irrégularités. Deux semaines avant la tenue du vote, le membership de l’Association libérale de comté de Saanich-Gulf Islands avait triplé, pour atteindre 650 personnes. Puis, dans le sprint final des dernières heures de la campagne de recrutement, 600 autres personnes additionnelles furent inscrites comme membres, dont une large partie par M. Basi lui-même. (21)
Les supporters de Dave Goulet, le candidat défait à l’investiture, portèrent plainte à la GRC après avoir découvert que plusieurs personnes avaient été inscrites à leur insu en tant que membres de l’Association libérale du comté et d’autres affaires louches (comme 19 personnes disant habiter dans un bungalow contenant deux chambres). Bien entendu, la police et le bureau des procureurs de la couronne conclurent qu’il n’y avait pas matière à porter des accusations criminelles.
Ironiquement, lors des élections fédérales de juin 1997, Clark Roberts fut battu par le candidat du Reform Party par plus de 6500 votes. Me Roberts fait aujourd’hui carrière dans la prestigieuse firme d’avocat Gowlings Lafleur Henderson, qui a d’ailleurs versé des contributions totalisant 24 000$ à la campagne de M. Martin entre le 1er mars et le 31 août 2003. (22)
Les Basi’s Boys et la conquête de la Colombie-Britannique par le clan Martin
Sources
(précédent)
Dès le lendemain des perquisitions au parlement, le gouvernement Campbell annonçait le congédiement de M. Basi de ses fonctions d’aide ministériel au cabinet du ministre des Finances. M. Virk, qui était un aide ministériel au cabinet du ministre des Transports, écopa quant à lui d’une suspension avec salaire. Les portes-parole du gouvernement n’ont jamais voulu élaborer sur la différence de traitement entre les deux individus.
L’énigme sera apparemment résolue deux semaines après les perquisitions, lorsque la presse locale révéla que la GRC avait saisi des plantations de marijuana sur une propriété de Shawnigan Lake appartenant à M. Basi. Cette opération policière avait d’ailleurs été entourée d’un si grand secret que même la police de Shawnigan en fut tenue à l’écart. Les policiers ont même pris la peine d’aviser les voisins habitant en face de la résidence de ne pas ébruiter l’affaire. (11)
Les voisins rencontrés par les journalistes ont toutefois accepté de dire qu’ils n’avaient pas remarqué de signe de vie dans la résidence perquisitionnée depuis des années… à part qu’il semblait y avoir beaucoup de vapeur dans les vitres par moments ! De son côté, l’avocat de M. Basi, Me Chris Considine, affirma que son client n’y était pour rien et qu’il avait été victime de « locataires sans scrupules ». (12)
La police ne semblait toutefois pas du même avis. Dans des documents rendus publics en septembre 2004, on apprenait notamment que l’enquête que menait la division des stups de la GRC sur M. Basi portait initialement sur des allégations de corruption et de recyclage de « produits de la criminalité » (biens ou services obtenus avec des profits générés par des actes criminels).
La GRC soupçonnait alors M. Basi d’avoir conspiré avec MM. Jasmohan Singh Bains et Mandeep Sandhu dans le but de blanchir des produits de la criminalité d’une valeur excédant 5000$, entre le 9 décembre 2000 et le 11 décembre 2003. (13)
Les soupçons de l’opinion publique à l’égard de M. Basi augmenteront au fur et à mesure que les médias révéleront que ce dernier semblait mener un train de vie de flambeur que son salaire annuel de 66 800$ ne pouvait normalement lui permettre. Ainsi, M. Basi et son épouse, Inderjit, qui est fonctionnaire pour le gouvernement de C-B, ainsi que sa mère, Sukhbir, qui est femme de chambre, possèdent conjointement quatre maisons dans la région de Victoria dont la valeur totale combinée est évaluée à 1,2 millions $.
M. Basi et son épouse avaient fait l’acquisition de la résidence de Shawnigan Lake d’une valeur de 180 000$, en avril 2003. Le couple a contracté une hypothèque de 135 000$, moyennant un paiement mensuel de 861$, ce qui signifie que la transaction impliqua un dépôt initial de 45 000$. Cinq mois plus tard, le couple Basi fit l’achat d’une maison d’une valeur de 279 900$, à Esquimalt, prenant une hypothèque de 180 000$, signifiant cette fois-ci un dépôt initial potentiellement encore plus élevé.
M. Basi, qui affiche des goûts dispendieux en matière de voitures et de complets assortis, est aussi un contributeur à la caisse électorale du PLC, à laquelle il versa 3 370$ entre 1998 et 2001. La mère de M. Basi, Sukhbir, contribua quant à elle 2 752$ en 1997 et 1998. (14) Enfin, notons aussi qu’en 2002 et en 2003, M. Basi a aussi versé plus de 15 000$ à l’Université de Victoria, où il réalisa ses études. (15)
Lorsque le ministre Collins fut interrogé par un journaliste du Vancouver Sun sur l’origine de l’apparente fortune de M. Basi, il répondit : « Ma compréhension est que son grand-père possédait une scierie à Victoria et que la famille a eu des ressources avec les années ». Or, lorsque le journaliste contacta le grand-père de l’ex-aide ministériel, M. Harjinder Basi, celui-ci a contredit M. Collins en déclarant qu’il n’avait jamais été propriétaire d’une scierie. (16)
Chose certaine, lorsqu’il perdit sa position d’aide ministériel, M. Basi tomba de haut. Il avait été l’aide ministériel d’un gros canon du gouvernement Campbell, M. Gary Collins, qui était à la fois ministre des Finances et leader parlementaire des libéraux. « Il était les yeux et les oreilles de Collins, et Collins est le plus puissant ministre et Basi doit être le plus puissant aide ministériel », selon M. Normand Ruff, un professeur de sciences politiques de l’université de Victoria qui a déjà eu M. Basi pour élève. (17)
En effet, en raison des fonctions de leader parlementaire de M. Collins, M. Basi avait aussi pour responsabilité de gérer à peu près tout ce qui se rendait à la chambre législative, des nouvelles lois et motions en passant par le minutage des débats. De plus, M. Basi assurait aussi la liaison parlementaire entre le gouvernement Campbell et le Nouveau Parti Démocratique, qui constitue l’opposition officielle.
Après avoir gradué de l’Université de Victoria avec un diplôme en sciences politiques, en 1992, M. Basi accomplit un internat de six mois au parlement de Colombie-Britannique lors duquel il porta assistance au caucus libéral au niveau de la recherche, de l’écriture de discours et de la période des questions. Lorsque son internat fut terminé, M. Basi décrocha un poste au sein du ministère des Petites Entreprises. Après les élections provinciales de 1996, il appliqua pour un poste au caucus libéral, qui formait alors l’opposition officielle en C.-B., mais sa candidature avait été rejetée après une vérification de ses références. (18)
Il lui faudra attendre jusqu’après la victoire électorale des libéraux de Campbell, en mai 2001, pour que son grand ami Gary Collins puisse l’engager à titre de membre du personnel politique. Fait exceptionnel, M. Basi était alors le seul aide ministériel à avoir été embauché directement par un membre du gouvernement Campbell (tous les autres avaient tous été nommés par le chef de personnel du bureau du premier ministre, M. Martyn Brown).
Organisateur politique libéral redoutable (et redouté), actif tant sur la scène provinciale que fédérale, M. Basi fit sa marque de commerce en dirigeant une équipe d’organisateurs libéraux Indo-canadiens, surnommés les « Basi’s Boys », spécialisée dans les opérations de recrutement massif et le « paquetage d’assemblées ».
Les « Basi’s Boys » seraient des troupes de choc spécialisées dans les batailles pour le contrôle des Associations libérales de comté. Par exemple, quand il a fallu tasser un candidat à l’investiture libérale d’un comté qui n’était pas bien vu du clan Martin, les « Basi’s Boys » étaient souvent là pour régler le problème.
Le secret du succès des « Basi’s Boys » réside dans leur capacité qu’ils ont à faire apparaître, juste au bon moment, des centaines, sinon des milliers de nouveaux membres, ceux que l’on surnomment les « libéraux instantanés » (« instant liberals ») dans le jargon politique. Comme nous le verrons dans le prochain chapitre, leurs opérations de recrutement impliquent souvent un financement douteux.
C’est justement en recrutant massivement au sein de sa propre communauté indo-canadienne que M. Basi a réussi à se bâtir une solide réputation d’organisateur politique autant chez les libéraux de C.-B. que chez ceux du fédéral. Ce sont des gens non-élus comme M. Basi qui, en tirant les ficelles dans l’ombre, font et défont des candidats au parlement.
Allan Warnke en sait quelque chose. Il a quitté le Parti libéral de C.-B. en 1996 parce qu’il croyait que les Jeunes Libéraux, alors contrôlés par le tandem Marissen/Basi, étaient en train de s’organiser pour l’écarter de son Association libérale de comté. M. Warnke fut député libéral pour la circonscription de Richmond-Steveston de 1991 à 1996. À l’assemblée législative, il était alors le critique officiel de l’opposition libérale en matière de justice et de sécurité publique.
À quelques mois des élections provinciales de 1996, le député Warnke démissionnait bruyamment du caucus libéral. Il se plaignit publiquement que la direction du Parti a choisi un membre de l’establishment libéral pour le remplacer dans son comté. Bref, M. Warnke a senti qu’on était en train de lui montrer la porte et il n’a pas voulu se laisser faire. (19)
Après avoir amplement lavé son linge sale en public, il renonça à mener la bataille pour conserver l’investiture dans son association libérale de comté, en préférant plutôt se présenter comme un candidat indépendant. Inutile d’en dire plus : M. Warnke fut battu haut la main.
Il était intéressant de noter que l’heureux élu qui prit la place de M. Warnke à titre de député libéral pour le comté de Richmond-Steveston, l’avocat Geoff Plant, est devenu le procureur général de la Colombie-Britannique dans le gouvernement Campbell, de mai 2001 jusqu’à sa retraite de la vie politique, en mai 2005. On peut dire que M. Basi sait se rendre utile auprès de ceux qui ont gravi avec brio les échelons du pouvoir !
Puis, en mars 1997, David Basi et sa clique aidèrent l’ancien avocat du caucus libéral provincial de Colombie-Britannique, Me Clark Roberts, à remporter l’investiture libérale pour le comté fédéral de Saanich-Gulf Islands. Dans un reportage de CBC, Clark Roberts était présenté comme « un des plus proches amis » de M. Gary Collins, qui allait devenir le supérieur immédiat de M. Basi quelques années plus tard. (20)
Toutefois, la course à l’investiture que remporta Me Roberts fut entachée par de multiples irrégularités. Deux semaines avant la tenue du vote, le membership de l’Association libérale de comté de Saanich-Gulf Islands avait triplé, pour atteindre 650 personnes. Puis, dans le sprint final des dernières heures de la campagne de recrutement, 600 autres personnes additionnelles furent inscrites comme membres, dont une large partie par M. Basi lui-même. (21)
Les supporters de Dave Goulet, le candidat défait à l’investiture, portèrent plainte à la GRC après avoir découvert que plusieurs personnes avaient été inscrites à leur insu en tant que membres de l’Association libérale du comté et d’autres affaires louches (comme 19 personnes disant habiter dans un bungalow contenant deux chambres). Bien entendu, la police et le bureau des procureurs de la couronne conclurent qu’il n’y avait pas matière à porter des accusations criminelles.
Ironiquement, lors des élections fédérales de juin 1997, Clark Roberts fut battu par le candidat du Reform Party par plus de 6500 votes. Me Roberts fait aujourd’hui carrière dans la prestigieuse firme d’avocat Gowlings Lafleur Henderson, qui a d’ailleurs versé des contributions totalisant 24 000$ à la campagne de M. Martin entre le 1er mars et le 31 août 2003. (22)
Les Basi’s Boys et la conquête de la Colombie-Britannique par le clan Martin
Sources