Accusations de narco-trafic suivies de démissions politiques
Dossier drogue et politique en Colombie-Britannnique –partie 7
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L’avenir allait confirmer que les inquiétudes des détracteurs du clan Martin étaient tout à fait fondées. Ainsi, le 15 septembre 2004, les spéculations firent place à des accusations formelles. Ce jour-là, les enquêteurs du Projet « Everywhichway » portèrent un total de dix accusations de narco-trafic contre un groupe de huit personnes.
D’entrée de jeu, on peut désormais présumer qu’il s’agit plus ou moins du même groupe d’individus qui avait mystérieusement été arrêtés, puis relâchés sans accusations, le 20 décembre 2003. Si cette présomption devait s’avérer exacte, cela voudrait donc dire que la police aurait alors laissé environ neuf mois complets s’écouler entre l’arrestation et la mise en accusation de ce groupe d’individus.
Parmi ces huit, on compte le désormais célèbre David Basi, de même que M. Mandeep Sandhu, qui avait brièvement siégé sur l’exécutif de l’Association libérale du comté d’Esquimalt-Juan de la Fuca avant d’en être expulsé pour cause de membership au NPD fédéral.
M. Basi fut inculpé de deux chefs d’accusations, soit de possession et de production de marijuana en vue d’en faire le trafic. Selon l’acte d’accusation, les infractions reprochées auraient eu lieu entre mars et décembre 2003. M. Sandhu, de même que M. Jaspal (Tony) Singh, de Victoria, furent quant à eux accusés de conspiration pour faire le trafic de marijuana. (62)
Parmi les autres personnes inculpées, il y a deux hommes de Vancouver, MM. John David Scallon et Michael Timothy Doyle, qui doivent répondre d’accusations de conspiration pour faire le trafic de cocaïne. Notons que M. Doyle n’en est pas à ses premiers démêlés judiciaires puisqu’il avait aussi été inculpé, en avril 2003, avec un autre résident de Vancouver, de deux chefs d’accusation de possession de trois kilos de marijuana et d’une quantité non-identifiée de psilocybine (champignons magiques) dans le but d’en faire le trafic.
Quant à son co-accusé, M. Scallon, il fait aussi face à un chef d’accusation supplémentaire dans la présente affaire, soit d’avoir conspiré en vue de faire le trafic de marijuana avec trois autres membres du groupe d’accusés, soit M. Jasmohan Bains (Victoria), M. Brahm Mikol (Toronto) et Mme Arianna Blythe Vernon (Scarborough, Ont.), entre septembre et décembre 2003.
Rappelons que les enquêteurs du Projet « Everywhichway » soupçonnaient trois des huit accusés dans ce groupe (MM. Basi, Sandhu et Bains) d’être parties prenantes à des activités de blanchiment d’argent. Il sera cependant difficile d’en savoir plus, car des ordonnances de non-publication ont été imposées en ce qui concerne les procédures criminelles contre ces trois individus.
Ce nouveau développement au niveau judiciaire fut suivi par un rebondissement inattendu sur le plan politique. En effet, le lendemain de l’annonce des accusations de narco-trafic contre M. Basi et les autres, Mme Christie Clark annonçait qu’elle démissionnait de ses fonctions de vice-premier et de ministre de l’Enfance et du Développement de la Famille du gouvernement Campbell. La nouvelle surprenait d’autant plus que Mme Clark était perçue comme une possible candidate à la succession éventuelle de M. Gordon Campbell à la tête du Parti libéral de C.-B.
Bien entendu, Mme Clark, qui est aussi mère d’un garçon de 3 ans, jura que sa décision n’était en rien au monde reliée à l’affaire des perquisitions au parlement de C.-B. Et ce, même si son propre frère, Bruce, et son propre mari, Mark Marissen, firent tous deux l’objet de visites policières. Mme Clark clama à qui voulait l’entendre que sa décision était uniquement basée sur des motifs « profondément personnels », point à la ligne.
Mais, à peine un an plus tard, celle qui affirmait vouloir se rapprocher de sa famille tenta malgré tout sa chance dans la course à la mairie de Vancouver, (sans succès, puisqu’elle échoua dans sa tentative d’obtenir le poste de candidate pour le principal parti d’opposition municipal, le Non-Partisan Association).
Le départ de Mme Clark ne sera pas la seule perte du gouvernement Campbell. Au moment des perquisitions, M. Basi et le ministre des Finances, M. Gary Collins, étaient de proches et loyaux amis depuis dix ans. Mais le 14 décembre 2004, M. Collins annonçait qu’il démissionnait de ses fonctions de ministre, de leader parlementaire et de député pour le comté de Vancouver Fairview, qu’il représentait depuis 13 années. À l’instar de Mme Clark, M. Collins invoqua lui aussi des « raisons familiales » en guise d’explications.
Fait intéressant, M. Collins annonçait qu’il quittait la politique pour un poste de p-d-g à la petite compagnie d’aviation Harmony Airways, qui est possédée par l’homme d’affaires M. David T. K. Ho. En 2003, cette compagnie versa 26 500$ dans les coffres du Parti libéral provincial et 25 000$ à la campagne du clan Martin pour le leadership du PLC. (63)
Or, par une curieuse coïncidence, c’est Harmony Airways qui avait assuré le transport aérien des membres des Jeunes Libéraux de C.-B. à la Convention libérale de Toronto, dont le financement aurait fait l’objet d’une enquête policière, selon CJOH.
(Le nom de M. David Ho a encore une fois fait surface dans l’actualité en 2005, lorsque la GRC révéla qu’elle menait une enquête criminelle sur la conduite du chef de la police de Vancouver, M. Jamie Graham, à cause que celui-ci aurait accepté que Harmony Airways verse 25 000$ à la Fondation de la police de Vancouver) (64)
Puis, une semaine après la démission de M. Collins, la couronne annonçait le dépôt d’un total de quatorze accusations criminelles dans le dossier B.C. Rail contre M David Basi, son ancien collègue Bobby Virk, et M. Aneal Basi, le cousin de David. Les deux anciens aides ministériels font face à deux accusations d’avoir accepté des pots-de-vin, une accusation de trafic d’influence et de bris de confiance, et deux accusations de fraude de plus de 5000$ contre le gouvernement de C.-B. (65)
M. Aneal Basi fut, quant à lui, inculpé de bris de confiance et d’avoir accepté un pot-de-vin en tant qu’employé du gouvernement. Celui-ci travaillait au ministère des Transports comme agent de relations publiques depuis trois ans avant d’entrer en « congé de maladie » à partir du mois septembre 2004 (le même mois où son cousin David Basi fut inculpé de narco-trafic).
Avant d’être embauché par le gouvernement Campbell en 2001, M. Aneal Basi avait été le vice-président de la Commission de la jeunesse du Parti libéral de Colombie-Britannique. Par ailleurs, Mark Marissen confirma au Vancouver Sun qu’il fut également actif dans le PLC (section de C.-B.). Au cours de l’été 2000, M. Aneal Basi avait même travaillé au bureau de député de l’ex-ministre Dhaliwal, soit deux ans avant que celui-ci n’accuse les « Basi’s Boys » de l’avoir « putsché » de son Association de comté.
David Basi libéré des accusations de narco-trafic
Sources
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L’avenir allait confirmer que les inquiétudes des détracteurs du clan Martin étaient tout à fait fondées. Ainsi, le 15 septembre 2004, les spéculations firent place à des accusations formelles. Ce jour-là, les enquêteurs du Projet « Everywhichway » portèrent un total de dix accusations de narco-trafic contre un groupe de huit personnes.
D’entrée de jeu, on peut désormais présumer qu’il s’agit plus ou moins du même groupe d’individus qui avait mystérieusement été arrêtés, puis relâchés sans accusations, le 20 décembre 2003. Si cette présomption devait s’avérer exacte, cela voudrait donc dire que la police aurait alors laissé environ neuf mois complets s’écouler entre l’arrestation et la mise en accusation de ce groupe d’individus.
Parmi ces huit, on compte le désormais célèbre David Basi, de même que M. Mandeep Sandhu, qui avait brièvement siégé sur l’exécutif de l’Association libérale du comté d’Esquimalt-Juan de la Fuca avant d’en être expulsé pour cause de membership au NPD fédéral.
M. Basi fut inculpé de deux chefs d’accusations, soit de possession et de production de marijuana en vue d’en faire le trafic. Selon l’acte d’accusation, les infractions reprochées auraient eu lieu entre mars et décembre 2003. M. Sandhu, de même que M. Jaspal (Tony) Singh, de Victoria, furent quant à eux accusés de conspiration pour faire le trafic de marijuana. (62)
Parmi les autres personnes inculpées, il y a deux hommes de Vancouver, MM. John David Scallon et Michael Timothy Doyle, qui doivent répondre d’accusations de conspiration pour faire le trafic de cocaïne. Notons que M. Doyle n’en est pas à ses premiers démêlés judiciaires puisqu’il avait aussi été inculpé, en avril 2003, avec un autre résident de Vancouver, de deux chefs d’accusation de possession de trois kilos de marijuana et d’une quantité non-identifiée de psilocybine (champignons magiques) dans le but d’en faire le trafic.
Quant à son co-accusé, M. Scallon, il fait aussi face à un chef d’accusation supplémentaire dans la présente affaire, soit d’avoir conspiré en vue de faire le trafic de marijuana avec trois autres membres du groupe d’accusés, soit M. Jasmohan Bains (Victoria), M. Brahm Mikol (Toronto) et Mme Arianna Blythe Vernon (Scarborough, Ont.), entre septembre et décembre 2003.
Rappelons que les enquêteurs du Projet « Everywhichway » soupçonnaient trois des huit accusés dans ce groupe (MM. Basi, Sandhu et Bains) d’être parties prenantes à des activités de blanchiment d’argent. Il sera cependant difficile d’en savoir plus, car des ordonnances de non-publication ont été imposées en ce qui concerne les procédures criminelles contre ces trois individus.
Ce nouveau développement au niveau judiciaire fut suivi par un rebondissement inattendu sur le plan politique. En effet, le lendemain de l’annonce des accusations de narco-trafic contre M. Basi et les autres, Mme Christie Clark annonçait qu’elle démissionnait de ses fonctions de vice-premier et de ministre de l’Enfance et du Développement de la Famille du gouvernement Campbell. La nouvelle surprenait d’autant plus que Mme Clark était perçue comme une possible candidate à la succession éventuelle de M. Gordon Campbell à la tête du Parti libéral de C.-B.
Bien entendu, Mme Clark, qui est aussi mère d’un garçon de 3 ans, jura que sa décision n’était en rien au monde reliée à l’affaire des perquisitions au parlement de C.-B. Et ce, même si son propre frère, Bruce, et son propre mari, Mark Marissen, firent tous deux l’objet de visites policières. Mme Clark clama à qui voulait l’entendre que sa décision était uniquement basée sur des motifs « profondément personnels », point à la ligne.
Mais, à peine un an plus tard, celle qui affirmait vouloir se rapprocher de sa famille tenta malgré tout sa chance dans la course à la mairie de Vancouver, (sans succès, puisqu’elle échoua dans sa tentative d’obtenir le poste de candidate pour le principal parti d’opposition municipal, le Non-Partisan Association).
Le départ de Mme Clark ne sera pas la seule perte du gouvernement Campbell. Au moment des perquisitions, M. Basi et le ministre des Finances, M. Gary Collins, étaient de proches et loyaux amis depuis dix ans. Mais le 14 décembre 2004, M. Collins annonçait qu’il démissionnait de ses fonctions de ministre, de leader parlementaire et de député pour le comté de Vancouver Fairview, qu’il représentait depuis 13 années. À l’instar de Mme Clark, M. Collins invoqua lui aussi des « raisons familiales » en guise d’explications.
Fait intéressant, M. Collins annonçait qu’il quittait la politique pour un poste de p-d-g à la petite compagnie d’aviation Harmony Airways, qui est possédée par l’homme d’affaires M. David T. K. Ho. En 2003, cette compagnie versa 26 500$ dans les coffres du Parti libéral provincial et 25 000$ à la campagne du clan Martin pour le leadership du PLC. (63)
Or, par une curieuse coïncidence, c’est Harmony Airways qui avait assuré le transport aérien des membres des Jeunes Libéraux de C.-B. à la Convention libérale de Toronto, dont le financement aurait fait l’objet d’une enquête policière, selon CJOH.
(Le nom de M. David Ho a encore une fois fait surface dans l’actualité en 2005, lorsque la GRC révéla qu’elle menait une enquête criminelle sur la conduite du chef de la police de Vancouver, M. Jamie Graham, à cause que celui-ci aurait accepté que Harmony Airways verse 25 000$ à la Fondation de la police de Vancouver) (64)
Puis, une semaine après la démission de M. Collins, la couronne annonçait le dépôt d’un total de quatorze accusations criminelles dans le dossier B.C. Rail contre M David Basi, son ancien collègue Bobby Virk, et M. Aneal Basi, le cousin de David. Les deux anciens aides ministériels font face à deux accusations d’avoir accepté des pots-de-vin, une accusation de trafic d’influence et de bris de confiance, et deux accusations de fraude de plus de 5000$ contre le gouvernement de C.-B. (65)
M. Aneal Basi fut, quant à lui, inculpé de bris de confiance et d’avoir accepté un pot-de-vin en tant qu’employé du gouvernement. Celui-ci travaillait au ministère des Transports comme agent de relations publiques depuis trois ans avant d’entrer en « congé de maladie » à partir du mois septembre 2004 (le même mois où son cousin David Basi fut inculpé de narco-trafic).
Avant d’être embauché par le gouvernement Campbell en 2001, M. Aneal Basi avait été le vice-président de la Commission de la jeunesse du Parti libéral de Colombie-Britannique. Par ailleurs, Mark Marissen confirma au Vancouver Sun qu’il fut également actif dans le PLC (section de C.-B.). Au cours de l’été 2000, M. Aneal Basi avait même travaillé au bureau de député de l’ex-ministre Dhaliwal, soit deux ans avant que celui-ci n’accuse les « Basi’s Boys » de l’avoir « putsché » de son Association de comté.
David Basi libéré des accusations de narco-trafic
Sources