Le fric gênant de Joseph Sigalov, l'affaire YBM Magnex, l'affaire Glen Clark, l'affaire Éric Doiron, l'affaire David Basi, l'affaire GSI Technologies et les remous de l'«Opération Fusion».
6. Le fric gênant de Joseph Sigalov
En 1997, le Parti libéral du Canada cherchait un moyen de se débarrasser des contributions financières que lui avait versé Joseph Sigalov, un homme d'affaires torontois lié à la mafiya russe (aussi appelée «mafia rouge»). Selon le FBI, Sigalov trempait dans le narcotrafic, la vente d'arme et l'extorsion et agissait à titre de lieutenant canadien de Vyacheslav Ivankov, dit Iapontchik. Surnommé le «Parrain rouge», Ivankov est un vory v zakone (littéralement, «voleur dans le code») décrit par les autorités américaines comme étant le plus puissant caïd du crime organisé russe aux États-Unis. L'écoute électronique des conversations téléphoniques de Sigalov révéla que le torontois était en contact avec plusieurs des gros noms de la mafiya russe, incluant Ivankov. En 1995, Sigalov participa même à un «sommet» du crime organisé russe dans un hôtel de Porto Rico.
Lors des élections générales de 1993, Sigalov avait versé des contributions totalisant 33 000$ à quatre candidats libéraux, dont deux qui devinrent ministre au sein du gouvernement Chrétien. Le futur ministre des Finances Paul Martin reçut 10 000 $, le ministre, tandis que l'ex-maire de Toronto qui allait être nommé ministre de la Défense, Art Eggleton, bénéficia d'un don de 5000 $. Deux autres candidats qui se firent élire à Toronto, soit Maurizio Bevilacqua et Jean Augustine, reçurent respectivement 10 000 $ et 8000 $. Le générateur donateur décéda d'une tumeur au cerveau en 1996. Ne sachant pas trop comment disposer de ces sommes d'argent embarrassantes dont les libéraux ne voulaient plus, l'avocat du parti déposa les dons dans un compte «in trust». Par la suite, la veuve de Sigalov intenta une action en justice contre les quatre politiciens pour récupérer le magot.
Publié en 2000, le livre «Red Mafiya : How the Russian Mob Has Invaded America» du journaliste américain Robert Friedman révéla Kaplan fut député fédéral de Don Valley (Toronto), de 1968 à 1972, puis de York Centre (Toronto) de 1974 à 1993. En 1980, le premier ministre Pierre Elliott Trudeau le nomma solliciteur général du Canada, c'est-à-dire ministre responsable de la GRC, des services secrets et des prisons, un poste qu'il occupa jusqu'en 1984. Kaplan affirma qu'il ignorait tout de l'implication de Sigalov dans le crime organisé russe, et mit même en doute la véracité des allégations portées à l'endroit de son ancien client.
(Sources: Toronto Star, «Is this face of Russian crime? – Lawyer, wife deny Metro man is a big-time mobster», Dale Brazao and Moira Welsh, July 10, 1996 ; Le Soleil, «À donner : cadeau gênant – La caisse de Paul Martin et Art Eggleton alimentée par la mafia russe américaine», 7 juillet 1997, p. A8 ; The Ottawa Citizen, «Former minister worked for alleged gangster: Robert Kaplan says he knew nothing of Russian mob ties», Ian MacLeod, May 8 2000 ; The Ottawa Citizen, «Alleged gangster's widow wants money back from Mps: Prominent Liberals put funds in trust when they learned donor was mob suspect», Ian MacLeod, May 9, 2000.)
En novembre 1999, l'ex-politicien libéral David Peterson fut traîné devant la Commission des valeurs immobilières de l'Ontario (CVMO) en compagnie de neuf autres personnes et deux firmes de courtage pour leur rôle dans l'affaire YBM Magnex. Peterson, qui avait été premier ministre de l'Ontario de 1985 à 1990, et ses co-accusés se voyèrent reprochés d'avoir dissimulés des renseignements d'une importance cruciale aux actionnaires de YBM Magnex. En 1997, YBM Magnex figurait sur l'indice TSE 300, soit le palmarès des trois cents plus importantes entreprises inscrites à la Bourse de Toronto. En devenant un de ses directeurs, Peterson contribua certainementà accroître l'attrait de YBM Magnex auprès des investisseurs à la recherche d'une bonne affaire.
Or, pendant que les actions de YBM Magnex s'échangeaient fébrilement sur les marchés financiers canadiens, la compagnie était dans le collimateur du FBI aux États-Unis. L'enquête américaine révéla que la mission officielle de YBM Magnex, soit la fabrication et la distribution d'aimants industriels, n'était en fait qu'une vulgaire façade lui permettant de faciliter la véritable raison d'être de l'entreprise, soit le blanchiment d'argent pour le compte du crime organisé russe. Ainsi, l'homme derrière YBM Magnex était nul autre que le sinistre Semion Mogilevitch, un puissant caïd de la mafiya russe qu'un journaliste américain avait déjà décrit comme étant le «gangster le plus dangereux au monde».
En 1998, lorsque la vérité éclata sur YBM Magnex, la valeur de ses actions fut réduite à néant. Les investisseurs avaient engloutis quelque 635 millions $ dans YBM Magnex, ce qui en fit un des plus importants scandales financiers de l'histoire canadienne. En 2003, la CVMO banissa la moitié des dix anciens directeurs de YBM Magnex des conseils d'administration d'entreprises canadiennes pour diverses périodes, dans certains cas à vie. La CMVO imposa également des amendes totalisant 1,3 millions $. La CVMO épargna toutefois Peterson, bien qu'elle le critiqua pour son manque «de perspicacité et de leadership» dans cette affaire.
(Sources: The Village Voice, «The Most Dangerous Mobster in the World», Robert I. Friedman, May 20 - 26, 1998 ; Les Affaires, «Les leçons à tirer de la déconfiture de YBM Magnex», Dominique Beauchamp, 30 mai 1998 ; La Presse, «Scandale YBM Magnex – La Financière BN paye pour ses prédécesseurs», Réjean Bourdeau, 3 juillet 2003.)
En 1999, le premier ministre néo-démocrate de Colombie-Britannique Glen Clark dût démissionner lorsqu'il fut révélé que la GRC enquêtait sur le rôle qu'il joua dans l'autorisation de principe qui avait été accordé à un projet de casino à l'hôtel North Burnaby, malgré les objections du conseil de ville de Burnaby. L'un des demandeurs dans ce projet était le voisin de Glen Clark, Dimitrios Pilarinos, qui était déjà sous enquête à l'époque relativement à une affaire de maison de jeu illégale. Pilarinos avait fait construire un balcon d'une valeur de 10 000 $ au deuxième étage de la maison de Clark, à Vancouver, quelques mois avant de recevoir une réponse positive du gouvernement néo-démocrate au sujet de son projet de casino. En 2000, Clark fut inculpé d'accusations criminelles de bris de confiance et de fraude aux dépens du gouvernement. Pilarinos dût quant à lui répondre de neuf accusations, notamment d'avoir offert à Clark une part ou des intérêts de 15 % sur les revenus du casino, en échange du permis d'exploitation de la maison de jeu.
L'enquête dans cette affaire avait débutée après que la GRC soit alertée par un fonctionnaire de Revenu Canada, Dimitri Vrahnos, qui craignait que le projet de casino ne soit lié au crime organisé. Le partenaire de Pilarinos dans le projet, Steve Ng, était le propriétaire du North Burnaby et détenait des parts dans le club Number 5 Orange et l'hôtel Marble Arch, qui furent au centre du Projet Nova, une des plus importantes enquête anti-drogue de l'histoire de la Colombie-Britannique. En 2001, deux membres des Hells Angels furent trouvés coupables de s'être livrés à la vente de drogue à l'intérieur de ces deux endroits. Les Hells étaient aussi responsables du booking de danseuses nues au Marble Arch. Ng fut également l'un des premiers actionnaires de Starnet Communications International, un site Internet pornographique qui diffusait des spectacles de strip-tease se produisant à l'hôtel North Burnaby, et qui dirigeait plusieurs sites web de jeu de hasard.
C'est la controverse soulevée par le rôle du leader néo-démocrate dans cette affaire qui eut finalement raison du projet de casino. En 2002, Clark fut acquitté après un long procès, bien que le tribunal critiqua son «manque de jugement». Pilarinos fut quant à lui déclaré coupable de six des neufs accusations portées contre lui. L'affaire connut un nouveau rebondissement peu après lorsque le commissaire à l'éthique de Colombie-Britannique critiqua la conduite de Clark en disant qu'il avait exercé «des pouvoirs officiels alors qu'il y avait apparence de conflits d'intérêts», et qu'il avait accepté «un avantage personnel directement ou indirectement lié» à ses fonctions officielles. En 2006, la maison de Vrahnos fut sérieusement endommagée par un incendie criminel. Vrahnos s'est dit convaincu que l'incendie constituait un acte de représailles pour son rôle de dénonciateur dans l'affaire. Cette hypothèse était soutenue par le fait qu'il avait déjà reçut des menaces de la part de certains membres de la communauté grecque de Vancouver par le passé.
(Sources: La Presse, «Un ministre se porte à la rescousse de Glen Clark», 5 mars 1999, p. A16 ; The Province, «Inn has links to cybersex, Web gambling», Barbara McLintock and Greg Middleton, March 7 1999 ; The National Post, «B.C. court to hear why search warrants should remain sealed», Mark Hume, March 15 1999 ; The Vancouver Sun, «Many Hells Angels charges stayed», Mike Howell, January 31 2001, p. B3 ; La Presse Canadienne, «Dimitri Vrahnos craignait que les criminels infiltrent l'industrie du jeu», Dene Moore, 28 février 2002 ; La Presse Canadienne, «Clark est reconnu non coupable de toutes les accusations pesant contre lui», Dene Moore, 29 août 2002 ; La Presse Canadienne, «Blanchi en cour, l'ex-premier ministre Glen Clark est blâmé dans un rapport», 19 novembre 2002 ; The Vancouver Sun, «Whistleblower's home torched», Neal Hall, February 11 2006.)
9. L'affaire Éric Doiron
En 2002, un membre bien vue du Barreau de Moncton, Me Éric Doiron, fut accusé d'entrave à l'administration de la justice et de blanchiment d'argent. Doiron était un proche collaborateur et un ami personnel de longue date du premier ministre conservateur du Nouveau-Brunswick, Bernard Lord, qui dirigea la province de 1999 à 2006. Doiron avait été l'agent officiel du candidat Lord lors de l'élection partielle de 1998 ainsi qu'aux élections générales de 1999, en plus d'agir à titre de représentant officiel de l'association conservatrice de Moncton-Est. Doiron versa également plus de 2500 $ au parti de Bernard Lord. Après l'arrivée au pouvoir des conservateurs, Doiron fut nommé vice-président de la Commission provinciale d'appel en matière d'urbanisme et des commissions régionales de révision des évaluations.
Les accusations portées contre Doiron découlaient de l'incendie criminel du Goodfella's Pub, en 2000, qui avait causé des dommages évalués à 5 millions $ et avait laissé un trou béant au centre-ville de Moncton. Éric Lefebvre, un membre des Damners de Québec, un club-école des Hells Angels, avait admis être celui qui avait mit le feu à la place. Or, l'avocat Doiron avait ensuite offert 35 000 $ à Lefebvre pour qu'il retire son plaidoyer de culpabilité et qu'il refuse de témoigner contre son client, le propriétaire du Goodfella's Pub, Jeff Cormier, un narcotrafiquant bien connut qui était alors en attente de procès. La discussion entre Doiron et Lefebvre avait toutefois été enregistrée à leur insu. En 2003, un jury trouva Doiron coupable d'avoir entravé la justice. Condamné à trois ans de prison, Doiron fut libéré en attente de son appel.
Doiron contesta le mode de sélection des jurés, et obtint l'annulation du verdict et la tenue d'un nouveau procès, en 2005. Entre-temps, Doiron fut acquitté des cinq accusations de blanchiment d'argent et de possession de produits de la criminalité qui pesaient contre lui. Le tribunal en était arrivé à ce verdict après avoir écarté deux conversations incriminantes entre Doiron et Lefebvre. Lors de son deuxième procès pour entrave à l'administration de la justice, Lefebvre refusa de témoigner contre Doiron, en se plaignant que la GRC n'avait pas respecté sa parole de le protéger, lui et sa famille. Après six heures de délibérations, le jury trouva Doiron à nouveau coupable d'entrave. L'ex-avocat porta encore une fois sa cause en appel, mais ne parvint pas à obtenir gain de cause. En 2007, Doiron commença à purger sa sentence, qui s'élevait désormais à quatre ans et demi d'emprisonnement
(Sources: L'Acadie Nouvelle, «Me Éric Doiron était un proche collaborateur de Bernard Lord», Philippe Ricard, 2 mai 2002 ; L'Acadie Nouvelle, «Des conversations enregistrées incrimineraient Éric Doiron», Steve Hachey, 24 septembre 2003, p. 5 ; L'Acadie Nouvelle, «Le jury trouve Éric Doiron coupable de tentative d'entrave à la justice», Steve Hachey, 3 octobre 2003 ; L'Acadie Nouvelle, «Éric Lefebvre ne témoignera plus contre Éric Doiron», Steve Hachey, 27 janvier 2005 ; L'Acadie Nouvelle, «Éric Doiron commence à purger sa peine», 2 juin 2007, p. 7.)
À la fin de l'année 2003, une vaste enquête policière baptisée «Project Everywhichway» portant sur le narcotrafic, le blanchiment d'argent et la corruption policière et politique mena la GRC à perquisitionner le parlement de Colombie-Britannique. Au cours d'une conférence de presse qui suivit peu après, le chef de police de Victoria déclara que cette perquisition spectaculaire était liée au démantèlement d'un réseau de contrebande de drogue qui écoulait de la marijuana de Colombie-Britannique aux États-Unis en échange de cocaïne, qui elle était revendue au Canada. Par la suite, la GRC procéda à la saisie d'une plantation de marijuana sur une propriété de Shawnigan Lake appartenant à David Basi, qui était l'assistant du ministre des Finances de Colombie-Britannique, Gary Collins. À ce moment-là, le congédiement de Basi avait déjà été annoncé par le gouvernement libéral de Gordon Campbell.
Organisateur politique redoutable, Basi était actif tant sur la scène provinciale que fédérale. Il fit sa marque de commerce en dirigeant une équipe de militants libéraux aguerris, surnommée les «Basi's Boys», qui était spécialisée dans les opérations de recrutement massif et le «paquetage d’assemblées» en vue de prendre le contrôle d'associations libérales de comté. Les «Basi's Boys» avaient joués un rôle fort actif dans la campagne de Paul Martin pour la chefferie du Parti libéral du Canada. Durant cette course, les partisans de Martin réussirent à prendre le contrôle de trente-trois des trente-quatre associations libérales de comté de la province. Par ailleurs, la section provinciale du PLC était passée de 4000 à 37 000 membres en seulement dix-huit mois. Cpendant, ce succès en laissa plusieurs perplexes, car une partie de ces nouveaux membres n'existaient que sur papier.
Après les perquisitions au parlement, certains commentateurs politiques, et même des quelques vétérans libéraux, se demandèrent ouvertement d'où avaient pu venir les fonds qui servirent à financer la campagne de Martin, qui venait alors de devenir le premier ministre du Canada. Si leurs questions restèrent sans réponse, les développements entourant le Projet Everywhichway alimentèrent les soupçons que l'argent du narcotrafic pourrait avoir joué un rôle dans la conquête de la Colombie-Britannique par les partisans de Martin. En 2004, Basi fut inculpé de possession et de production de marijuana en vue d'en faire le trafic. Mandeep Sandhu, un proche de Basi, fut accusé de conspiration pour faire le trafic de marijuana. Sandhu avait brièvement siégé sur l'exécutif de l'association libérale du comté d'Esquimalt-Juan de la Fuca avant d'en être expulsé pour cause de membership au NPD fédéral. Un an plus tard, la couronne abandonna discrètement les accusations contre Basi et Sandhu, sans fournir la moindre explication.
(Sources: Victoria News, «Criminal Probe Target Liberal Staffers», December 31 2003 ; The Times Colonist, «Liberals will have to wear fallout from raids», Jody Paterson, January 9 2004 ; The Vancouver Sun, «Race-based membership drives could haunt next PM, group warns», August 13 2003 ; The Vancouver Sun, «Police raided grow-op on Basi's property», Lori Culbert, January 12 2004 ; The Globe and Mail, «Tangled police investigation rattles B.C.'s liberal party», January 12 2004 ; The Province, «Liberal official: Who paid for memberships?», Steve Berry, Adrienne Tanner and Keith Fraser, Janunary 8 2004 ; The Vancouver Sun, «Minister's assistant, 7 others charged with drug offences», Neal Hall and Chad Skelton, September 16 2004 ; The Globe and Mail, «Crown drops marijuana charges against ex-aide Basi», Rod Mickleburgh, June 30 2005.)
Le 12 septembre 2005, le député vétéran du Parti québécois André Boulerice annonça brusquement son retrait de la vie politique après avoir représenté le comté montréalais de Sainte-Marie-Saint-Jacques au cours des vingt dernières années. Sa décision pris tout le monde par surprise, y compris les membres de son équipe. Le «hasard» voulut que Boulerice avait été rencontré par la journaliste Solveig Miller le 8 septembre, soit six jours avant l'annonce de sa démission. Mme Miller préparait alors un reportage portant sur le blanchiment de l'argent sale des Hells Angels, qui sera diffusé à l'émission Zone Libre de Radio-Canada, le 7 octobre suivant.
Le reportage porta principalement sur l'entreprise multimédia GSI Technologies, qui avait été fondée en 1998 par Gilles «Trooper» Mathieu, un des leaders des Hells Angels québécois qui purge présentement une peine de vingt ans de prison pour complot de meurtre, trafic de drogue et gangstérisme. GSI Technologies bénéficia du soutien enthousiaste de Boulerice, qui recommanda l'entreprise à des ministres du gouvernement péquiste. Boulerice alla jusqu'à accompagner les représentants de GSI lors de voyages promotionnels en Europe et en Afrique du nord. GSI, qui profita de crédits d'impôts de 700 000 $, était si satisfaite des services de Boulerice qu'elle lui proposa même de quitter son siège de député pour occuper le poste de directeur des relations publiques. Boulerice déclina l'offre après consultation auprès d'un fonctionnaire haut placé, qui lui conseilla de garder «un bras de distance» avec GSI.
GSI Technologies connut une croissance fulgurante. L'entreprise multiplia les acquisitions de filiales, pris de l'expansion en Europe, et vit sa valeur atteindre des sommets à la bourse. En 2000, la filiale américaine de GSI s'associa avec Canada Payphone Corporation, une compagnie de Colombie-Britannique qui était dirigée par Bruce Clark. Membre influent du PLC, Clark devint ensuite le directeur de la levée de fonds pour la campagne au leadership de Paul Martin en Colombie-Britannique. Soupçonnant GSI de servir de façade pour le blanchiment d'argent sale, les policiers perquisitionnèrent ses bureaux lors de l'opération Printemps 2001 qui avait donné lieu à l'arrestation de 122 individus liés au milieu des motards criminalisés. Mais les policiers arrivèrent trop tard, l'entreprise était déjà en train de faire faillite. Les petits investisseurs qui achetèrent des actions de GSI perdirent quelques cinq millions $. L'enquête policière sur GSI ne déboucha sur aucune accusation.
(Sources; Échos, «Le député André Boulerice quitte la vie politique», Denise Di Candido, Octobre 2005 ; Zone Libre, «Où est allé l'argent des Hell's Angels?», 7 octobre 2005 ; «Canada Payphone Corp. - GSI Technology USA Inc. Joint Venture to Boost Ad Revenue», October 3, 2000.)
En 2006, différents corps policiers démantelèrent un réseau d'importation et de distribution de cocaïne dirigé par un membre du chapitre des Hells Angels de Trois-Rivières. L'enquête policière, baptisée «Opération Fusion», donna lieu à la saisie de 428 kilos de cocaïne et de plusieurs armes à feu, ainsi qu'à des arrestations au Québec, en Ontario et en République Dominicaine. Parmi les personnes arrêtées, on retrouvait Tommy Nittolo, un homme d'affaires de Beauport proche des milieux politiques, impliqué dans l'industrie du spectacle et du divertissement... ainsi que dans l'import-export.
Notons qu'à l'heure actuelle, Nittolo n'a toujours pas subi son procès, lors duquel il devra répondre d'accusations de complot en vue d'importer des stupéfiants, d'importation illégale de stupéfiants et d'importation de stupéfiants sous la direction d'une organisation criminelle. L'arrestation de Nittolo créa des remous jusqu'à l'hôtel de Ville de Québec. La veille de la rafle policière, l'administration municipale de la défunte mairesse Andrée Boucher avait autorisé Nittolo à aller de l'avant avec un important projet immobilier dans Beauport impliquant la vente de vingt-six terrains et la construction d'une trentaine d'habitations unifamiliales.
Nittolo avait lui-même tenté sa chance en politique en se présentant dans Limoilou sous la bannière du Parti progressiste conservateur du Québec lors des élections générales provinciales de 1985. Selon le site Internet du Directeur général des élections, Nittolo versa plus de 2300 $ à la caisse électorale du Parti libéral du Québec, en 2003. L'année suivante, le Bloc québécois l'honorait lors d'une soirée à 150 $ le billet sous le thème «hommage aux bâtisseurs» de la région. En 2005, Nittolo appuya le candidat du Renouveau municipal à la mairie de Québec, Claude Larose. Au moment de son arrestation, Nittolo occupait le poste de représentant des membres associés du mess des officiers de la Citadelle de Québec.
(Sources: Le Soleil, «Projet Fusion – Un des suspects était candidat aux élections provinciales de 1985», Élisabeth Fleury, 12 mai 2006 ; Le Soleil, «Feu vert de la ville à Nittolo», Isabelle Mathieu, 16 mai 2006 ; Le Soleil, «Nittolo, un bâtisseur...», Raymond Giroux, 18 mai 2006.)