L'affaire Frank Majeau, l'affaire Conrad Bouchard, l'affaire Pari Montanaro, les hauts et les bas de Sidney Lallouz et le cas d'Alfonso Gagliano
Intro
Durant vingt-cinq ans, Frank Majeau, un ex-propriétaire de club de danseuses nues, et Roch LaSalle, député conservateur de Joliette de 1968 à 1988, ont été de bons amis. Il arriva que Majeau soit engagé pour jouer les fiers-à-bras lors d'assemblées partisanes du Parti conservateur. En 1983, Majeau avait été trouvé coupable d'agression armée causant des lésions corporelles suite à une bagarre dans un bar. La même année, Majeau s'associa avec Réal Simard – un tueur à gages du clan Cotroni qui deviendra délateur après avoir confessé quatre meurtres – dans une agence de danseuses torontoise du nom de «Prestige Entertainment».
En janvier 1987, lorsque le magazine Maclean's révéla son passé judiciaire et ses connexions pègreuses, Majeau travaillait depuis neuf mois comme assistant spécial de LaSalle, alors ministre d'État aux Travaux publics du gouvernement conservateur de Brian Mulroney. L'affaire devint une source d'embarras pour le gouvernement, car Majeau avait réussit à se soustraire à la procédure de vérification d'antécédents judiciaires qui est obligatoire pour tout nouveau membre du personnel politique fédéral. Majeau fut congédié peu de temps après.
On apprit par la suite que Majeau fut aussi associé à une affaire de pot-de-vin entourant l'acquisition d'avions d'attaque par Ottawa, en 1979. Majeau avait alors approché la compagnie McDonnell Douglas afin de lui solliciter un pot-de-vin représentant 15 % de la valeur du contrat, qui s'élevait à 5,5 milliards $. À titre de ministre de l'Approvisionnement et des Services dans l’éphémère gouvernement minoritaire de Joe Clark, LaSalle était responsable de l’achat de ces avions. Aucune accusation n'a toutefois été déposée relativement à cette affaire.
(Sources: The Toronto Star, «Tory aide fired over criminal background», January 12 1987 ; The Globe and Mail, «Fortune hunt took wrong turn out of St. Louis», Stevie Cameron, November 1 1991 ; CAMERON Stevie, «On the take – Crime, Corruption and Greed in the Mulroney Years», MacFarlane Walter Ross (1994), p. 109 à 114.)
En janvier 1987, le Journal de Montréal révéla que Conrad Bouchard, un ex-chanteur de cabaret reconverti en narcotrafiquant lié au clan Cotroni, s'était vanté auprès d’un de ses codétenus que des «pressions politiques» l'aideront à sortir du pénitencier, où il purgeait une peine de cinq années d'emprisonnement pour une affaire de drogue. À l'époque, Claude Lanthier, le député conservateur de LaSalle-Ville Émard, avait d'ailleurs écrit au ministre fédéral de la Justice pour demander la libération de Bouchard.
Conrad Bouchard, qui était représenté par Me Daniel Rock, un avocat très proche des conservateurs, présenta une première demande de libération durant le printemps 1985, soit treize jours après la nomination d'un «fervent supporter» du ministre Roch LaSalle, Louis Laporte, à la Commission nationale des libérations conditionnelles (CNLC). Laporte siégea sur la CNLC lors de deux audiences consacrées à la demande de libération de Bouchard.
La première audience permis à Bouchard de recevoir la permission de sortir de prison sans escorte à raison de 48 heures par mois. À la seconde audience, il obtint l'autorisation de s'absenter de jour de la prison. Bouchard fut définitivement libéré le 2 juin 1986, pour être arrêté de nouveau quatre mois plus tard, cette fois-ci en rapport avec la saisie de 13 kilos de cocaïne péruvienne d'une valeur de 13 millions $. Il fut ensuite condamné à vingt-quatre années d’emprisonnement. La SQ et la GRC enquêtèrent sur les allégations de trafic d’influence à la CNLC, mais aucune accusation ne sera portée.
(Sources : Le Journal de Montréal, «Un avocat conservateur a accéléré la libération de Conrad Bouchard», Michel Auger, 28 janvier 1987 ; The Toronto Star, «Tory didn't help inmate get parole, official says», January 30 1987 ; The Gazette, «Political ties not a factor in drug trafficker's parole, lawyer says», January 30 1987.)
Un nouveau scandale de trafic d’influence relié aux libérations conditionnelles éclata sept ans plus tard. Soupçonné d’être à la tête d’un «important réseau de corruption», l'agent de libération conditionnelle et ex-conseiller municipal de Saint-Léonard Pari Montanaro fut arrêté en avril 1994 après avoir été pris au piège en acceptant ne somme d'argent offerte par un agent en civil de la GRC. Bien qu'il n'avait aucun pouvoir en matière de libération conditionnelle, Montanaro demandait de l'argent à des prisonniers ou à leur famille en échange d'une amélioration de leurs conditions de détention ou d'une accélération du traitement de leur dossier à la CNLC.
Au cours de son enquête sur cette affaire, la GRC s'intéressa au rôle qu'aurait joué deux avocats criminalistes de renom et l'ex-députée conservatrice de Mercier, Carole Jacques, ainsi que le principal organisateur politique de celle-ci, Jean-Yves Pantaloni. La GRC découvrit notamment que Jacques avait référé à Montanaro le dossier d'un important narcotrafiquant proche de la mafia sicilienne, Raynald Desjardins, alors accusé dans une affaire d'importation de 740 kilos de cocaïne au Canada. Richard Blanchette, un ex-avocat condamné à trois ans de prison pour avoir conspiré en vue d'importer 64 kilos de cocaïne, aurait été un autre bénéficiaire présumé du réseau.
Toutefois, seuls Montanaro et Bernard Lebel, un criminologue à l'Institut Pinel, furent formellement accusés. En mars 1996, Montanaro évita un procès qui promettait d'être embarrassant en plaidant coupable aux accusations de complot et d'abus de confiance portées contre lui. Montanaro, qui comptait quinze années de service au sein des libérations conditionnelles, fut condamné à purger trois mois de prison, à payer une amende de 35 000 $ et à exécuter 90 heures de travaux communautaires.
(Sources : The Gazette, «2nd official suspended pending probe of corruption at prisons», Rod MacDonell, May 7 1994 ; The Gazette, «Former MP named again in RCMP search warrant», Rod MacDonell, May 14 1994 ; The Gazette, «Parole officer gets three months», Rod MacDonell, March 9 1996.)
Sidney Lallouz est un narcotrafiquant de calibre international issue de la pègre juive. Il fut tour à tour associé aux frères Dubois, à la mafia sicilienne et au gang de l'Ouest. En 1972, la police de Zurich émit un mandat d'arrestation à l'égard de Lallouz, qu'elle soupçonnait d’avoir introduit 31 kilos de haschich en Suisse. Le mandat n'a toutefois jamais été mis à exécution. Arrêté en 1979 au terme d'une enquête conjointe de la GRC et de la police britannique, Lallouz paya cash sa caution de 100 000 $. En 1983, il plaida coupable à une accusation réduite d'importation de 700 kilos de haschisch afghan. Lallouz fut alors condamné à deux ans et demi de prison et à 100 000 $ d'amende.
Possédant plus d'une corde à son arc, Lallouz était plus qu'un simple narcotrafiquant. En 1990, le quotidien The Gazette révéla que deux sociétés para-municipales de la ville de Montréal (la SIMPA et la SODIM) s'étaient associées à Lallouz dans le cadre de deux projets immobiliers (Quartier des Écluses et le Parc d’Entreprises du Canal) d'une valeur combinée de 1,5 milliard $. Pour éviter de rembourser des prêts immobiliers de plus de 5 millions $, Lallouz s'enfuya du Canada, en 1991, avec en poche les 2 millions $ que la ville lui versa pour racheter ses parts dans le projet de la SODIM.
En 1997, la Sûreté du Québec enquêtait sur des transactions suspectes effectuées par la SIMPA une décennie plus tôt. Divers promoteurs avaient réalisés des profits s'élevant à 27,7 millions $ lors de la vente d'immeubles dont la valeur aux livres n'était plus que de 35 millions $. Toutes ces transactions durent recevoir l'approbation du comité exécutif de la ville de Montréal, faisant en sorte que les dirigeants du Rassemblement des Citoyens de Montréal (RCM), au pouvoir entre 1986 à 1994, furent plongés dans l'embarras. Le décès de Michel Bergeron et de Jean Des Rosiers, les deux associés de Lallouz, ne facilita toutefois pas la tache de la SQ, de même que la disparition de certains documents de la ville. Les leaders du RCM furent soupçonnés d'avoir cherchés à enterrer l'affaire, mais l'enquête de la SQ n'aboutissa à aucune accusation.
Lallouz refit parler de lui lors de l'affaire du Marché central, un projet immobilier qui se solda par une faillite frauduleuse de 164 millions $, incluant des pertes de plus de 80 millions $ pour les Soeurs du Bon-Pasteur, durant les années '90. En 2001, Lallouz confessa à Radio-Canada son implication comme prête-nom dans des compagnies à l'étranger utilisées afin de détourner l'argent des soeurs, mais ne sera jamais accusé. Devenu délateur en échange d'une sentence de soixante-cinq mois de prison, l'avocat Jean-Pierre Cantin témoigna contre le promoteur Jean-Alain Bisaillon et le conseiller financier des soeurs, Denis Schmouth. Cantin affirma que des pots-de-vin avaient été versés à des responsables de l'administration Doré (RCM), puis à un haut dirigeant du parti Vision Montréal, pour accélérer un changement de zonage, ce qui a été nié par toutes les parties concernées. En 2006, Lallouz fut arrêté à la suite de la saisie de 22,5 tonnes de haschisch par la GRC dans l'Atlantique Sud, au large de l'Angola. Il fut condamné à six ans et demi de prison après avoir enregistré un plaidoyer de culpabilité.
(Sources : The Gazette, «Convicted drug dealer a partner in city land deals», William Marsden, Rod MacDonell, Lewis Harris, July 12 1990 ; The Gazette, «Developer fled $5.1-million debt: bank», William Marsden, November 21 1991 ; La Presse, «La SQ enquête sur des transactions faites par une agence de la Ville», André Noël, 8 avril 1997 ; La Presse, «L'administration Doré a tenté d'étouffer l'affaire du quartier des Écluses», André Noël, 9 avril 1997 ; La Presse, «Une quinzaine de gangs juifs actifs au Québec», André Cédilot, 28 mai 1997 ; La Presse, «La SQ mettra fin à son enquête sur le Quartier des écluses», André Noël, 10 décembre 1997 ; La Presse Canadienne, «Jean-Pierre Cantin passe aux aveux quant à la fraude du Marché central», 31 août 2000 ; Le Devoir, «Marché central – Les Soeurs du Bon-Pasteur obtiennent satisfaction», Brian Myles, 27 avril 2001 ; La Presse, «La GRC saisit 22 500 kg de haschisch», Marcel Laroche, 6 juin 2006.)
Député libéral du comté de Saint-Léonard de 1984 à 2004, Alfonso Gagliano fut sans doute le politicien fédéral dont le nom a été associé le plus souvent à La Cosa Nostra («Ce qui est à nous»). À chaque fois qu'il se retrouva dans l'eau chaude, Gagliano bénéficia du soutien indéfectible de Jean Chrétien, qui fut premier ministre du Canada de 1993 à 2003. Ce soutien s'explique par le fait que Gagliano avait été de ceux qui aidèrent Chrétien à devenir le chef du Parti libéral du Canada (PLC), en 1990. Gagliano fut ensuite le responsable de la levée de fonds du PLC lors des élections générales 1993 que remportèrent les libéraux de Chrétien. Contre toute attente, Gagliano n'accéda toutefois pas au cabinet des ministres du gouvernement Chrétien.
La raison ? Lors d'une enquête de sécurité mené à son sujet, la GRC découvrit ses diverses connexions avec certains personnages du milieu interlope montréalais, en particulier avec le puissant clan sicilien Caruana-Cuntrera. Publié en 2001, le livre «Les liens du sang», des journalistes Antonio Nicaso et Lee Lamothe, révéla qu'à l'apogée de sa puissance, le clan Caruana-Cuntrera avait corrompu des hommes politiques au haut plus niveau au Venezuela, au Brésil, en Italie, dans l'État mexicain de Quintana Roo et à Aruba, dans les Caraïbes. Lorsque le présumé dirigeant du clan au Canada, Alfonso Caruana, fut arrêté à Woodbridge (Ontario), en 1998, l'inspecteur Ben Soave de la GRC alla jusqu'à le décrire comme le Wayne Gretzsky du crime organisé.
Comptable de profession, Gagliano a tenu les livres de deux compagnies appartenant à Agostino Cuntrera pendant plus d'une quinzaine d’années. Cuntrera, qui est décrit comme une «figure dominante» du clan Caruana-Cuntrera, avait été condamné, en 1978, à cinq ans de prison après avoir reconnu qu'il avait comploté en vue de tuer Paolo Violi, le parrain de la mafia montréalaise de l'époque. En mai 1991, la police de Montréal perquisitionna le bureau de comptable de Gagliano, alors basé dans le sous-sol de sa demeure, pour y saisir les états financiers des entreprises de Cuntrera. À l’époque, Cuntrera était soupçonné d'être lié à une série d'attentats contre un restaurant Pizza Hut avec lequel il était en compétition. Notons que Gagliano et Cuntrera ont tous deux été présidents à tour de rôle de l'Association de Siculiana, du nom d'une petite ville sicilienne d'où sont originaires les deux hommes.
La GRC appris aussi que des opérations de filature portant sur des individus soupçonnés de narcotrafic avaient mené des enquêteurs de la police au domicile de Gagliano à plus d'une occasion. Par exemple, en juin 1985, Filippo Vaccarello et autre individu avaient été vu par les policiers en train d'entrer chez Gagliano, où ils restèrent une vingtaine de minutes. Trois semaines plus tard, Vaccarello était arrêté en rapport avec la saisie de 59 kilos d'héroïne, à l'aéroport de Montréal. Il fut par la suite condamné à vingt ans de prison. Puis, à la fin des années '80, un dénommé Dima Messina, décrit comme un des «blanchisseurs» du clan Caruana-Cuntrera, avait lui aussi rendu quelques visites au bureau de Gagliano. En 1994, Gagliano admis qu'il avait commis «une erreur de jugement» en omettant de rayer Cuntrera de sa liste de clients, mais affirma par contre qu'il ne connaissait pas Vaccarello, ni Messima.
En 1996, le Journal de Montréal révéla que la GRC mena une nouvelle enquête de sécurité à l'égard de Gagliano. À cette occasion, Gagliano fut confronté à une photographie de lui qui avait été prise alors qu'il se trouvait devant le café Club Social Cosenza, à St-Léonard, que la police considérait être un lieu de fréquentation des membres de la mafia. Gagliano fut aussi questionné relativement au fait que le numéro de téléphone de son bureau de député avait été retrouvé parmi les effets personnels d'un ancien résident de St-Léonard, Antonio Ezio Salvo, après que celui-ci eut été assassiné d’un coup de fusil de chasse, en Sicile, en 1991. Lié au clan Caruana-Cuntrera, Salvo vivait au-dessus de ses moyens, tant au Canada qu'en Italie, ce qui avait finit par lui attirer des embrouilles avec Immigration Canada. Pour éviter la déportation, Salvo avait sollicité l'intervention de Gagliano, ce qui n'avait toutefois pas permit d'empêcher son expulsion du Canada.
Lorsqu'il fut enfin admis au sein du gouvernement Chrétien, en 1996, Gagliano hérita du ministère de Travail. L'année suivante, il fut nommé ministre des Travaux public, poste qu'il conservera durant plus de quatre ans et demi. Au cours de cette période, le nom de Gagliano fut à nouveau associé à la mafia. En 2001, La Presse révéla que le bureau de député de Gagliano était intervenu auprès d'Immigration Canada dans le dossier d'une demande de résidence permanente faite par Maria Sicurella di Amodeo, l'épouse de Gaetano Amodeo. Dépeint comme un intime du clan Caruana-Cuntrera, Amodeo était un fugitif sicilien qui était recherché pour meurtre par les autorités de deux pays européens. Lorsque Mme Sicurella obtint le statut de résidente permanente, elle parraina une demande de résidence permanente pour son mari en cavale, qui vivait supposément secrètement à Montréal depuis quatre ans. Lorsque l'affaire Amodeo éclata, Gagliano reconnu qu'une de ses employées avait «effectué le suivi administratif normal afin d'apporter des réponses à Mme Sicurella». Arrêté par la GRC, Amodeo consentit à son extradition en Italie, où il fut condamné à l'emprisonnement à vie.
En mars 2004, Gagliano fut à nouveau embarrassé lorsque La Presse révéla qu'il s'était associé à la compagnie de publicité P.R. Média, qui était dirigée par un ancien proxénète et financée par un usurier lié aux Hells Angels. Les camions de P.R. Média avaient sillonné les villes québécoises en arborant les couleurs libérales avec le slogan «Je vote libéral» lors des élections générales de novembre 2000 lors desquelles Gagliano agissait comme organisateur en chef du PLC au Québec. Gagliano n'avait d'ailleurs pas hésité à se laisser photographier devant un des camions de P.R. Média lors d'un rassemblement électoral à son bureau de député. Quelques mois plus tôt, le directeur général de P.R. Média, Pierre Gagnon, avait plaidé coupable à des accusations de proxénétisme. L'État québécois avait saisit ses biens, incluant deux automobiles Jaguar et un bateau de 28 pieds. Quant au financier de P.R. Média, il s'agissait de Robert Baillargeon, qui possédait des antécédents judiciaires en matière d'extorsion.
Mais le «meilleur» restait encore à venir. En novembre 2004, le New York Daily News cita un rapport du FBI rapportant que Frank Lino, un ancien caïd mafieux new-yorkais devenu délateur, avait allégué que Gagliano aurait été un «soldat de longue date de la famille Bonanno». Lino, qui s'avoua coupable de six meurtres, affirma en effet au FBI qu'il avait rencontré Gagliano lors d'une réunion secrète réservée exclusivement aux membres en règle de La Cosa Nostra qui s'était tenue à Montréal, en 1992. Le rapport mentionnait aussi que Joe LoPresti, un membre réputé de la pègre locale qui fut abattu d'une balle dans la tête la même année, aurait affirmé que la mafia montréalaise jouissait de «vastes relations, incluant Gagliano, un politicien». À la Chambre des communes, les conservateurs voulurent embarrasser les libéraux en reprenant ces allégations lors de la période des questions. De son côté, Gagliano nia tout, mais ajouta qu'il avait peut-être rencontré des membres de la mafia à son insu.
Au moment où cette controverse éclata, Gagliano était déjà sur la sellette pour son rôle dans le scandale des commandites. C'est en effet au cours des quatre années et demi où Gagliano fut responsable du programme des commandites, à titre de ministre aux Travaux publics, que des agences de publicité proches du PLC purent empocher pas moins de 147 millions $ sur les 332 millions $ consacrées à promouvoir la «visibilité canadienne au Québec». À la suite du rapport Gomery, Gagliano fut exclu du PLC par le successeur de Chrétien, Paul Martin. En 2005, Gagliano devint l'organisateur officiel au Canada d'un parti italien, l'Union des démocrates chrétiens (UDC), durant les élections italiennes lors desquelles les membres de la diaspora italienne, incluant les italo-canadiens, ont le droit de vote. Notons que l'UDC est l'héritier du Parti démocrate-chrétien, ce même parti infiltré par la mafia que les analystes policiers québécois mentionnaient avec appréhension dans le rapport «Le crime organisé menace la démocratie au Canada»...
(Sources: The Windsor Star, «Police arrest alleged Mafia kingpin», Richard Brennan, July 16 1998 ; La Presse, «Le député de St-Léonard entretient des relations avec un caïd de la mafia», André Cédilot et André Noël, 26 avril 1994 ; La Presse, «Le député de St-Léonard admet avoir commis une «erreur de jugement»», Philippe Dubuisson, 27 avril 1994 ; Journal de Montréal, «Avant qu’il ne devienne ministre du Travail – La police a interrogé Gagliano», Michel Auger, 5 juin 1996 ; La Presse, «Gagliano s'est enquis du dossier Amodeo», André Cédilot et André Noël, 23 février 2001 ; La Presse, «Le ministre Gagliano nie – L'opposition demande une enquête», Gilles Toupin, 24 février 2001 ; La Presse, «Publicité tapageuse – Un proche des Hells et un proxénète ont participé à la campagne d'Alfonso Gagliano», André Noël, 27 mars 2004 ; La Presse, «Le Daily News allègue qu'il était en cheville avec la mafia de New York – Gagliano nie tout», Joël-Denis Bellavance, André Cédilot et Judith Lachapelle, 19 novembre 2004 ; The Globe and Mail, «Revelations expose Mafia family turmoil», Tu Than Ha and Shwan McCarthy, November 19 2004 ; La Presse Canadienne, «Gagliano dit qu'il aurait pu rencontrer des mafieux, mais sans le savoir», Jim Brown, 21 novembre 2004 ; La Presse, «Gagliano fait un retour en politique», 13 octobre 2005, p. A11.)