L'avocat, l'ex-flic, le shylock et le chum de Julie Couillard

Publié le par Bureau des Affaires Louches



De la complicité des conjointes



Née le 21 juin 1969, Julie Couillard est issue d'une famille de trois enfants. Elle vécut une enfance apparemment sans histoire à la ville de Lorraine, dans les Basses-Laurentides, avant de déménager dans le secteur de Ville-Émard, dans le sud-ouest de Montréal. Elle occupa divers petits emplois avant de tenter sa chance dans le showbiz québécois en tant que comédienne et mannequin durant les années '90. Membre de l'Union des artistes, Julie Couillard interpréta quelques petits rôles à la télévision, notamment à l'émission de Surprise sur prise où elle prit part à un gag visant à piéger le comédien Serge Thériault, en 1995. (33) Elle a aussi tenu un rôle de maîtresse dans la série René Lévesque, à TVA, remplaça une hôtesse à l'émission La poule aux oeufs d'or en plus de livrer une prestation au Salon de la mariée et de danser dans un vidéoclip du groupe Gipsy Kings. Ironiquement, ce ne sont pas ses incursions dans le monde artistique qui la rendirent célèbre, mais plutôt ses diverses relations avec des hommes du milieu interlope, à commencer par Tony Volpato, avec qui elle entretint une liaison, entre 1991 et 1993. (34)


Propriétaire d'une compagnie de céramique, Volpato fut l'homme de confiance de Frank Cotroni, dit «Le Gros», membre d'une célèbre famille criminelle liée à la branche calabraise de la mafia. Le frère aîné de Frank, Vic Cotroni, dit «l'Oeuf», fut considéré comme le parrain de la mafia montréalaise durant des décennies avant que le clan sicilien des Rizzuto ne prenne le pouvoir, dans les années '80. Les Cotroni s'étaient impliqués dans les clubs de nuit et les maisons de jeu, la contrebande internationale d'héroïne, l'industrie alimentaire et le trafic illégal d'immigrants italiens aux États-Unis. Leur influence s'étendait aux syndicats de la construction, de l'hôtellerie et de la restauration, ainsi qu'aux milieux politiques québécois. (35) Dans un rapport sur la présence de la mafia dans l'industrie de la boxe publié en 1986, le juge Raymond Bernier décrivit Volpato comme un personnage ayant «une main de fer dans un gant de velours» qui aida Frank Cotroni à exercer un «contrôle complet sur la famille Hilton». À l'époque, Volpato n'eut d'ailleurs aucune hésitation à se porter à la défense de son ami Cotroni. «Frank Cotroni est un gentleman, le genre de type qui donne tout le temps et qui ne reçoit jamais», plaida-t-il. (36)


Lorsque Julie Couillard rencontra Volpato dans un bar, en 1991, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) l'avait mis sous enquête pour son rôle dans le trafic de cigarettes de contrebande. L'écoute électronique avait révélée que Volpato agissait à titre de représentant «d'un groupe de financiers» auprès des contrebandiers, soit les Warriors de la réserve de Kahnawake et la famille Ouellette, de Lanaudière. (37) Volpato sera plus tard condamné à verser une amende de 8000 $ pour son rôle dans cette affaire. L'escouade des stups de la GRC s'intéressait aussi à Volpato dans le cadre d'une enquête sur un projet d'importation de cocaïne qui avait débutée en 1992. Volpato avait alors joué le rôle d'intermédiaire entre le clan Cotroni et des agents doubles de la GRC qui se faisaient passer pour des narcotrafiquants. Il fut plus tard condamné à six ans de prison pour avoir comploté en vue de faire entrer 180 kg de cocaïne au Canada. Notons enfin que Volpato n'était pas étranger au monde des motards. Ainsi, lorsque Maurice «Mom» Boucher, le plus célèbre des Hells Angels québécois, fut arrêté pour possession d'arme, en mars 1995, le nom et le numéro de téléphone de Volpato figuraient dans le carnet de numéros de téléphone du motard. (38)


Selon The Toronto Star, Couillard et Volpato se fréquentèrent de temps à autre, ce qui laisse supposer une relation qui n'avait rien de stable. En fait, le grand amour de Julie Couillard fut Gilles Giguère, dit «L'indien», qui était âgé de près de vingt ans de plus qu'elle. Leur idylle dura de 1993 à 1996. «J'ai aimé éperdument quelqu'un dans ma vie, et c'était Gilles», affirma-t-elle dans une récente entrevue accordée au magazine 7 Jours. (39) «Il a été mon plus grand professeur. Gilles a été mon père, ma mère, mon frère, mon meilleur ami, mon amant, mon partenaire de vie et de business.» Entrepreneur en construction, Gilles Giguère a eut sa part de démêlés avec le système judiciaire. En juillet 1991, lorsque l'escouade antigang du Service de police de la communauté urbaine de Montréal (SPCUM) démantela un vaste réseau de voleurs et de receleurs lié au gang de l'Ouest, Giguère figurait parmi les suspects. (40) Deux ans plus tard, il fut mêlé à une affaire d'extorsion.


Giguère n'a jamais été membre d'une bande de motards en tant que tel, mais il gravitait autour des Hells Angels. À l'époque, les médias le décrivaient généralement comme le «bras droit» de Robert «Bob» Savard, un homme d'affaires qui était réputé être un important prêteur usuraire proche des Hells. Savard a lui aussi eut maille à partir avec la loi. À partir 1976, il se fit arrêté régulièrement sous divers chefs d'accusations, tels que complot, menaces, extorsion et trafic de drogue, mais il arrivait à s'en sortir indemne pratiquement à chaque coup, par manque de preuve. Sauf en 1985, où il écopa d'une peine de trois ans d'emprisonnement pour une affaire de menaces et d'intimidation.


Au cours de l'année 1995, le nom de Gilles Giguère revint à quelques reprises dans l'actualité judiciaire. D'abord, le 20 février, Giguère fut arrêté en lien avec la découverte d'une cache d'armes, à Montréal-Est. Quatre fusils mitrailleurs, quatre gilets pare-balles ainsi que trente-trois kilos de marijuana et vingt-sept appareils de vidéopoker furent saisis par l'escouade antigang du SPCUM dans le sous-sol d'un immeuble à logements dont Giguère était le propriétaire. (41) Pour les journalistes de la presse écrite, il ne faisait aucun doute que cet incident était lié à la guerre meurtrière opposant les Hells Angels à l'Alliance, une coalition regroupant notamment les Rock Machine et les Dark Circle. (42) Le nom de Giguère refit à nouveau surface lorsque «Mom» Boucher fut arrêté en rapport avec une histoire de chicane de bar, en octobre 1995. La couronne n'ayant pu convaincre le tribunal que «Mom» représentait un danger pour la société, celui-ci fut remis en liberté sous diverses conditions, dont celle de ne pas communiquer directement ou indirectement avec dix-sept individus, dont Gilles Giguère et Robert Savard. (43)


Julie Couillard peut difficilement plaider l'ignorance des fréquentations de Giguère, elle qui fut photographiée par la police en compagnie de Giguère, Savard et «Mom» Boucher. (44) En fait, on raconte qu'elle et Giguère étaient devenus «quasi inséparables», au point où il arrivait même à Couillard d'être à ses côtés lorsqu'il faisait pression sur des individus qui avait du mal à respecter leur échéance de paiement sur des prêts consentis à des taux usuraires. Voici comment Julie Couillard expliqua au magazine 7 Jours l'attitude qu'elle avait semble-t-il adoptée à l'époque : «J'avais 22 ans lorsque j'ai rencontré Gilles. Nous avons été ensemble pendant quatre ans. J'étais tellement naïve ! Je savais qu'il connaissait des gens qui connaissait des motards, mais je ne prenais pas les motards au sérieux. Pour moi, c'était des durs qui faisaient de la moto. Les vrais criminels, c'était la mafia, c'était les Italiens.» (45)


Voilà qui est tout de même quelque peu difficile à croire. Car les faits d'armes liés à la guerre sanguinaire entre les Hells à l'Alliance faisaient régulièrement les manchettes des journaux à l'époque. En août 1995, lorsqu'un garçon âgé de onze ans du nom de Daniel Desrochers perdit la vie dans le quartier d'Hochelaga-Maisonneuve, dans l'est de Montréal, des suites de l'explosion d'une bombe destinée à un narcotrafiquant, les motards apparurent comme des ennemis publics en puissance aux yeux d'une partie grandissante de l'opinion publique. C'est ainsi qu'un mois plus tard, un troisième protagoniste s'ajouta à la «guerre des motards» : une escouade spéciale appelée Carcajou composée d'enquêteurs de la Sûreté du Québec (SQ), du SPCUM, de la GRC. Carcajou se vit confier le mandat de mettre les bouchées doubles pour faire la vie dure aux belligérants engagés dans cette guerre à finir. Julie Couillard ne se doutait probablement pas qu'elle allait bientôt goûter elle-même à la médecine de Carcajou.


Ainsi, le matin du 18 décembre 1995, Julie Couillard eut la surprise de sa vie lorsque des policiers du SWAT défoncèrent la porte de sa résidence, à Pointe-aux-Trembles, et firent brusquement irruption dans sa chambre à coucher alors qu'elle se trouvait encore au lit avec son conjoint Giguère. «Ils ont tiré les couvertes et je me suis retrouvée nue devant eux parce qu'ils ont aggripé mon chum pour le projeter par terre», raconta-t-elle par la suite à un journaliste du Allô Police. (46) La journée de Julie Couillard était encore loin d'être terminée puisqu'elle fut ensuite emmenée au quartier général de la SQ, rue Parthenais. Marcel Couillard, le père de Julie, fut également arrêté. De 8h à 23h, un enquêteur de la SQ du nom de Gilles Malenfant la cuisina sans ménagement, en alternant mensonges et sous-entendus menaçants.


Voici comment Couillard relata son expérience au journaliste Jean-Pierre Rancourt du Allô Police, qu'elle rencontra en présence de Giguère : «J'ai demandé pourquoi j'étais là et il m'a dit, en me regardant, l'air méprisant: pour extorsion et complot pour meurtre de Loretta Lavallée. Les bras m'ont tombé. Je me demandais de quoi il parlait. Je n'en revenais pas. Le policier savait tout sur moi. Il me disait que ma carrière, s'il le voulait, serait terminée, qu'il pourrait me brûler partout à Montréal, dans toutes les agences de casting et à la télé. C'est simple, il n'avait qu'à mettre ma photo dans la première page du Journal de Montréal et ma carrière serait terminée.»
Le policier ne cessait de lui répéter que Giguère était devenu un délateur et qu'elle sera obligée d'aller vivre dans un autre pays car sa vie était désormais menacée. Couillard, qui ne sera jamais accusée en rapport avec cette affaire, fut finalement relâchée tard en soirée. Elle logera éventuellement une plainte en déontologie policière pour son arrestation qu'elle estimait abusive.


Pour ce qui est de son conjoint Giguère, celui-ci dût répondre d'une kyrielle d'accusations aux côtés de «Bob» Savard, ainsi que de l'avocat criminaliste Gilles Daudelin et de l'ex-caporal de la SQ Gaétan Rivest. L'affaire fit les gros titres des journaux, et pour cause. Me Daudelin était un avocat bien connut qui comptait des membres et des associés des Hells parmi ses clients. Avant son arrestation, il représentait Giguère dans l'affaire de la cache d'armes. Quant à Rivest, après une carrière policière de quatorze ans, il était devenu un bruyant détracteur de la SQ. Six mois plus tôt, Rivest s'était mis à dénoncer sur toutes les tribunes ses anciens collègues de la SQ, qu'il accusait de se livrer au parjure et à la fabrication de preuves. (47) L'ex-policier alla même jusqu'à s'auto-incriminer, en affirmant avoir battu un suspect pour le forcer à confesser un meurtre. Il reconnut également avoir prit part à la contrebande de cigarettes «à grande échelle» après son départ de la SQ, en 1991. (48)


L'avocat Daudelin fut accusé d'avoir comploté, avec Giguère et Savard, en vue de faire assassiner une agente immobilière, cette fameuse Loretta Lavallée dont le nom avait été évoqué lors de l'interrogatoire de Couillard. De plus, Me Daudelin fut également inculpé d'avoir incité un témoin à se parjurer relativement à l'affaire de la cache d'armes pour laquelle Giguère était en attente de procès. Rivest fut quant à lui accusé d'avoir menacé de voies de fait graves, avec la complicité de Giguère et de Savard, un ancien partenaire d'affaires qui était propriétaire d'un restaurant de l'est de Montréal, Gerry Etchevery. (49)


Bien qu'aucune accusation ne fut retenue contre Julie Couillard et son père Marcel, leurs noms furent néanmoins cités dans un article de La Presse signé par André Cédilot. À en croire l'article, «Julie Couillard, l'amie de Giguère, et son père, Marcel, auraient également participé» à une tentative d'extorsion contre Mme Lavallée. (50) Les noms de Julie et de Marcel Couillard furent également mentionnés dans un article du quotidien The Gazette en rapport avec cette affaire. (51) Peut-être l'enquêteur de Carcajou avait-il décidé de mettre à exécution sa menace de saboter la carrière de mannequin et de comédienne de la conjointe de Giguère ?


À l'époque, les avocats des accusés avaient immédiatement criés au coup monté. (52) Cette hypothèse se trouvait renforcée quand on tenait compte du fait que Rivest avait été accompagné de Me Daudelin et de Savard lorsqu'il avait rencontré le ministre de la Sécurité publique du Québec, Serge Ménard, pour le sensibiliser aux abus de certains membres de la SQ, en avril 1995. (53) Quelques semaines plus tard, Ménard avait fait part de son sentiment «d'avoir été piégé», en affirmant que cette rencontre s'inscrivait dans le cadre d'«un plan pour jeter le discrédit sur la SQ» qui aurait été concocté par les Hells. (54) Le sentiment de Ménard était apparu après qu'il eut apprit que «Mom» Boucher, alors incarcéré, s'était félicité d'avoir poussé l'idée de cette rencontre lors d'une conversation téléphonique interceptée par la police. «Moé chu en prison, j'pense à ça, j'me crosse pi j'viens, j'viens s'a police», avait alors lancé «Mom» à un de ses amis motard. (55) Rivest avait répliqué à ces allégations en intentant une poursuite en dommages-intérêts de 1,3 millions $ contre le ministre Ménard, de même que le Journal de Montréal. (56)


Les premiers doutes concernant la solidité des accusations apparurent lorsque les quatre accusés purent reprendre tour à tour leur liberté. Rivest fut le premier à pouvoir prendre congé des cellules. Il sera ensuite suivi de Me Daudelin. Quant à Giguère et Savard, ils passeront tous deux le temps des fêtes derrière les barreaux avant d'être libérés sous conditions après avoir signés un engagement s'élevant à 100 000$ chacun, le 3 janvier 1996. Les doutes se confirmèrent lorsque les accusations contre le quatuor s'écrouleront comme un château de cartes seulement deux mois plus tard. La preuve contre les accusés reposait essentiellement sur les dires du délateur Léo Lemieux, un personnage traînant un casier judiciaire plutôt chargé. Décrit dans les pages de La Presse comme un fer-à-bras responsable de la «collection» pour des usuriers de l'est de la métropole, Lemieux aurait travaillé avec Giguère sur la construction.


De l'aveu même de la poursuite, Lemieux «semblait assez peu crédible». (57) Or, c'est Lemieux qui avait prétendu aux policiers que Daudelin, Giguère et Savard complotaient en vue d'extorquer puis de liquider Mme Lavallée. Toutefois, aucune preuve indépendante ne venait corroborer ses allégations. Un second délateur du nom de Normand Major s'était bien montré prêt à témoigner contre le trio. Mais le problème, c'était que Major tenait ses informations de... Lemieux. On apprendra par la suite qu'une agente de probation avait déjà écrit que le délateur Lemieux avait l'«habitude de vivre dans le mensonge» et éprouvait même un «besoin pathologique de mentir». (58)


Le dernier clou fut enfoncé dans le cercueil de la poursuite lorsque Lemieux échoua au test de détecteur de mensonge. Le 26 février 1996, la couronne annonça donc qu'elle n'avait aucune preuve à présenter à l'enquête préliminaire, ce qui entraîna l'acquittement de Giguère, Savard et Daudelin. Deux jours plus tard, les accusations portées contre Rivest, qui s'appuyaient également sur le même délateur, tombèrent à leur tour. (59) Ce dénouement était évidemment fort peu glorieux pour Carcajou. Le chroniqueur Yves Boisvert de La Presse parla d'«un premier faux pas pour l'escouade Carcajou». Me Daudelin intentera éventuellement une poursuite au civil et recevra la somme de 200 000 $ quelques années plus tard en dédommagement pour les torts qu'il a subit en rapport avec cette histoire. (60) Giguère n'était toutefois pas tout à fait au bout de ses peines car il devait encore subir son procès pour possession d'armes et de drogue, qui devait s'ouvrir le 17 mai suivant.


À ce moment-là, son avocat, Me Daudelin était devenu un témoin potentiel pour sa défense, faisant en sorte qu'il n'était désormais plus en position de le représenter à son procès. Conséquemment, Giguère dût retenir les services d'un nouvel avocat, soit Me Michel-Charles Charlebois, qui représentait déjà Gaétan Rivest dans d'autres dossiers. Le 26 avril, Me Charlebois contacta le procureur de la couronne affecté au dossier pour l'informer de son intention d'interroger le délateur Léo Lemieux ainsi que son contrôleur, l'ex-sergent-détective de l'escouade antigang du SPCUM Robert Octeau, qui était devenu membre de Carcajou. Lorsque Giguère quitta son domicile lors de cette même journée, ce sera la dernière fois que Julie Couillard le verra en vie. «Un beau jour, il est parti au dépanneur et il n'est jamais revenu», raconta-t-elle à 7 Jours. «Comme il rentrait à la maison tous les soirs, je n'ai rien vu venir. C'est avec le recul que j'ai compris des choses, mais j'étais jeune à l'époque.»


Deux jours plus tard, la disparition de Giguère fut signalée dans un entre-filet parut dans La Presse. Rappelant qu'en décembre 1995, la police avait mis trente-trois heures avant de reconnaître qu'elle détenait Giguère sous sa garde, Me Charlebois souleva alors la possibilité que son client puisse «avoir été 'enlevé' par la police pour fin d'interrogatoire». (61) La même journée, le corps sans vie de Giguère fut retrouvé par un passant dans un fossé inondé en bordure d'une route à l'Épiphanie, au nord-est de Montréal. (62) Giguère avait été atteint de deux projectiles d'armes à feu au visage. À première vue, l'auteur du meurtre n'aurait laissé aucune trace derrière lui, laissant croire qu'il pourrait s'agir de l'oeuvre d'un «professionnel». Le camion de Giguère fut retrouvé sur le terrain de stationnement du bar-restaurant O'Toole, à Charlemagne. Le véhicule, qui était verrouillé, fut ensuite remorqué au quartier général de la SQ, pour qu'il soit examiné par des spécialistes qui tenteront de dénicher des indices.


«Le meurtre de Gilles est survenu trois mois avant la date prévue de notre mariage», se rappella Couillard. «Les invitations étaient lancées, et la robe, choisie. Tout était prêt.» Le couple avait aussi choisit sa destination pour le voyage de noces, soit la Floride. Les billets d'avion avaient d'ailleurs été payés par «Bob» Savard, qui devait aussi agir à titre de témoin au mariage. Comme on peut s'en douter, la mort soudaine de Giguère laissa un gros vide dans la vie de Julie Couillard. «À 26 ans, après avoir perdu mon conjoint, assassiné, je suis restée enfermée chez moi pendant deux mois», confia-t-elle à 7 Jours. «Je n'arrivais pas à assimiler ni à accepter ce qui m'était arrivé. Pour ne pas devenir folle, je me suis lancé dans le travail. Le meurtre de Gilles avait détruit ma carrière de mannequin, je n'arrivais plus à contrôler mon trop-plein d'émotions. J'ai mis cinq à faire mon deuil.»


Personne ne sera jamais été inculpé en rapport avec cette affaire, comme dans bien d'autres cas d'individus liés au milieu interlope qui perdirent la vie de manière violente à cette époque. Évidemment, dans le contexte de la «guerre des motards», les règlements de compte et homicides en tous genres étaient devenus monnaie courante. Les liens de Giguère avec «Mom», de même que le fait qu'il soit accusé en rapport avec la découverte d'une cache d'armes, pouvaient avoir fait de lui une cible tentante pour les tueurs de l'Alliance. Certains chroniqueurs de la scène judiciaire semblaient privilégier une autre théorie: Giguère aurait décidé de passer dans le camp de la police, ce qui était une autre façon de réduire son espérance de vie dans ce bas-monde. On se rappellera d'ailleurs que Julie Couillard avait raconté au Allô Police qu'un enquêteur de la SQ avait cherché à lui faire croire que son conjoint était devenu un délateur durant son interrogatoire, en décembre 1995.


Selon Michel Auger du Journal de Montréal, Giguère aurait fourni aux policiers des informations concernant des crimes violents, des affaires d'extorsion et de prêts usuraires et d'autres complots impliquant des motards. (63) Il aurait fait des révélations incriminantes au sujet de «Mom» Boucher, de Savard et de Rivest et s'était même montré prêt à répéter ses dires en cour. De son côté, le Allô Police rapporta que le meurtre de Giguère «était prévisible» pour le milieu interlope montréalais «parce que des rumeurs de plus en plus persistantes circulaient à l'effet qu'il avait joint le rang des délateurs en donnant plusieurs déclarations aux policiers». (64)


Michel Auger, qui fut très proche des milieux policiers tout au long de sa carrière, précisa toutefois que Giguère n'était pas devenu délateur. Me Charlebois confirma par contre que Giguère avait signé sept déclarations qu'il avait faites aux policiers. Giguère lui en avait d'ailleurs remis quatre d'entre elles et devait lui apporter les trois autres le 27 avril, soit la veille de la découverte de son cadavre. Voilà qui pouvait accréditer la thèse voulant que Giguère aurait été abattu pour avoir trop parlé. Cependant, Me Charlebois, qui avait eu le réflexe de soupçonner la police d'être derrière la disparition de son client, semblait nourrir une toute autre hypothèse. Selon lui, le procès de Giguère était susceptible de donner lieu à des révélations fort embarrassantes pour certains policiers. Quelques mois plus tard, l'avocat affirma publiquement que la police avait omis d'explorer certaines pistes concernant le meurtre de Giguère, sous-entendant ainsi que l'enquête avait été bâclée. (65)


Il faudra attendre jusqu'à la publication d'un article choc dans le défunt journal Le Juste Milieu pour connaître plus en détails le fond de la pensée de Me Charlebois. Le Juste Milieu était un journal de format tabloïd qui avait été lancé par Rivest et Savard, en octobre 1997. Tiré à 100 000 exemplaires et distribué dans 9000 points de vente partout au Québec, Le Juste Milieu dénonçait sur un ton souvent lapidaire des cas d'abus policier et de corruption politique et policière. (66) Tous les articles étaient rédigés par Rivest et Savard et il n'était pas rare que ceux-ci se réfèrent à leur propre vécu dans les pages du journal. Ainsi, dans un article parut dans le premier numéro du Juste Milieu, Rivest évoqua son arrestation de décembre 1995. Sur une même page, il dressa à trois reprises la liste de ses co-accusés qui avaient été incriminés par le délateur Léo Lemieux. Curieusement, à chaque fois il passa sous silence le nom de Giguère... Comme s'il n'avait jamais existé ! (67)


Puis, dans le numéro trois du journal, Rivest et Savard co-signèrent un article de deux pages portant sur le meurtre de Giguère. Le nom de Julie Couillard y revient d'ailleurs à quelques reprises. L'article ne va pas jusqu'à accuser directement la police d'être derrière l'assassinat, mais il demeure néanmoins lourd de sous-entendus en ce sens. Les deux auteurs semblaient orienter leurs soupçons vers Robert Octeau et allèrent même jusqu'à écrire que Giguère aurait signé «son arrêt de mort» en insistant pour faire témoigner cet ancien enquêteur de l'escouade antigang lors de son procès. (68) Dans une édition précédente du Juste Milieu, Octeau avait déjà eut droit à un article peu flatteur à son égard. Basé sur des sources policières anonymes, cet article avançait que Octeau aurait saboté une enquête de la police provinciale de l'Ontario (OPP) concernant le vol de deux remorques de cigarettes qui s'était produit à Cornwall, au début de 1996. (69)


L'enquête de l'OPP avait permit d'apprendre que certaines des cigarettes volées s'étaient retrouvées dans un dépanneur montréalais. Mais lorsque la police ontarienne effectua une perquisition au dépanneur, les cigarettes en question avaient mystérieusement disparues des tablettes. Pressé de questions par des policiers contrariés, le propriétaire du dépanneur aurait finit par avouer qu'il avait été averti de l'imminence de la perquisition par Octeau lui-même. Selon l'article du Juste Milieu, le SPCUM avait suffisamment d'éléments de preuve à sa disposition pour porter des accusations criminelles contre Octeau. Mais la haute direction du SPCUM aurait renoncé à le faire après que Octeau menaça de révéler tous les crimes qu'il aurait commis avec ses collègues policiers durant ses vingt-huit années de service. Octeau se serait alors fait faire une offre qu'il ne pouvait pas refuser : une retraite immédiate, et pas d'accusations. Le principal intéressé aurait alors accepté, mettant ainsi fin à sa carrière.


Dans l'article du Juste Milieu consacré à l'assassinat de Giguère, il fut d'abord question de la stratégie de défense qu'entendait mettre de l'avant le défunt accusé lors de son procès concernant la cache d'armes. Le tabloïd allégua que Léo Lemieux aurait avoué à Giguère qu'il était celui qui avait entreposé les armes et la drogue dans l'immeuble à logements de Montréal-Est. Le délateur aurait même téléphoné à Julie Couillard pour tout confesser. Selon l'avocat Charlebois, Lemieux signa un affidavit dans lequel il reconnut qu'il était le propriétaire des biens saisis. C'est justement cet affidavit qui valut une accusation d'incitation au parjure contre l'avocat Daudelin. Me Charlebois, qui fut largement cité dans l'article, commenta le manque apparent d'intérêt de la part des policiers chargés de l'enquête sur la mort de Giguère. «Bizarre: après l'enterrement, on n'entend plus parler de la police», déplora-t-il.


L'élément le plus intriguant de l'article fut probablement ce passage où Me Charlebois relata une conversation qu'il avait eu au sujet d'Octeau avec Claude McIntosh, le propriétaire du bar-restaurant O'Tooles, là où le camion de Giguère avait été retrouvé : «En juillet, je revois McIntosh et je lui demande s'il connaît Robert Octeau. La première réponse de Claude: 'C'est bizarre, t'es le cinquième à me demander ça... La police n'est jamais venu me voir pour me poser cette question-là'... Eh bien oui, McIntosh connaît Octeau depuis quinze ans. Il y avait une sorte de pacte entre eux: McIntosh avait toujours dit à Octeau de ne jamais lui demander d'informations et, en retour, il n'y avait aucune information à donner à personne sur Robert Octeau. Et cela a terminé la conversation qu'on a eue ensemble. Il m'a quand même avoué qu'Octeau avait travaillé au O'Tooles, qu'il allait souvent à ce bar, qu'il jouait souvent au golf, et que justement il avait joué au golf avec lui la semaine d'avant...»


Évidemment, tout ça peut paraître bien gros comme histoire. Il faut cependant noter que Le Juste Milieu ne fera jamais l'objet de poursuite en libelle diffamatoire. Au bout d'une année d'existence, le journal s'éteignit après avoir publié seulement six numéros. Rivest essaya d'obliger Octeau à témoigner dans le cadre de sa poursuite au civil qu'il intenta suite à son arrestation par l'escouade Carcajou, mais en vain. (70) Dans Le Juste Milieu, on allègue que le huissier chargé de remettre la convocation à Octeau s'était fait dire par la police que celle-ci ignorait où se trouvait l'ex-policier de l'antigang. Rivest ne connut pas davantage de succès en cherchant à amener dans le box des témoins le délateur Léo Lemieux, qui avait affirmé sur les ondes de CKAC être un homme traqué vivant sur du «temps emprunté». Bref, tant Octeau que Lemieux seraient devenus tous deux introuvables...


L'affaire Giguère connaîtra un dernier rebondissement lorsque les administrateurs de la compagnie du défunt conjoint de Julie Couillard intentèrent une poursuite contre la SQ, qui se voyait reprocher d'avoir disposé illégalement du camion de Giguère. En octobre 1997, La Presse révéla d'ailleurs que deux copies d'un même rapport interne de remisage et de remorquage de la SQ qui avaient été déposés au palais de justice de Saint-Jérôme contenait des informations de nature contradictoires à ce sujet. Dans l'un des documents, la SQ laissait entendre que le SPCUM avait été saisi du dossier et que le véhicule avait ensuite été revendu par la compagnie d'assurance. «Et ceci sans aucune intervention de notre part», précisa par écrit le capitaine Carmel Patry, responsable de l'accès à l'information à la SQ. Or, une copie conforme dudit rapport, obtenu cette fois-ci du SPCUM en vertu de la loi d'accès à l'information, affirmait plutôt que le camion de Giguère avait été libéré par la SQ... (71)


Encore aujourd'hui, le meurtre de Giguère continue d'être entouré de mystère. Avec trois théories différentes pouvant expliquer son assassinat, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il devait y avoir beaucoup de gens qui pouvait avoir un intérêt à ce que Giguère soit liquidé. Comme il n'avait pas signé de contrat de délateur avec Carcajou, il n'est pas clair quel intérêt Giguère pouvait avoir trouvé à collaborer avec la police. Même s'il faisait face à des accusations plutôt graves, Giguère ne semblait pas pour autant acculé au pied du mur, comme le sont souvent les truands qui choisissent de trahir leurs complices. Compte-tenu de la confession du délateur Léo Lemieux qui avait reconnu sa responsabilité dans l'entreposage des armes et de la drogue dans l'immeuble de Montréal-Est, Giguère ne pouvait-il pas entretenir un espoir raisonnable qu'il finirait par être lavé des accusations pesant contre lui ?


Certains aspects du comportement de Giguère laissent aussi pour le moins perplexes. Pourquoi avait-il choisit d'être représenté par Me Charlebois s'il s'était mis à révéler des informations incriminantes à la police au sujet d'un autre de ses clients, Gaétan Rivest ? (D'ailleurs, cette situation pour le moins inusité ne plaçait-elle pas Me Charlebois dans une position de conflit d'intérêt potentiel ?) En prenant si peu de précautions, Giguère ne s'exposait-il pas au risque que la nouvelle de sa collaboration avec la police finisse par se répandre parmi le milieu interlope ? Cela semble d'ailleurs être devenu le cas comme en font foi les rumeurs qui circulait à son sujet que rapporta Allô Police après sa mort. Comment quelqu'un d'aussi familier avec le milieu que lui pouvait-il ignorer les dangers, parfois mortels, qu'il courrait en se montrant si bavard auprès des autorités ? Après tout, ce n'est pas pour rien si les contrats de délation offrent un certain niveau de protection à ceux qui décident de se mettre à table. Et pourtant, Giguère semblait prendre toute l'affaire avec une légèreté déconcertante. Comme quelqu'un qui voulait en finir avec la vie, mais qui préférait que d'autres se charge à sa place de mettre fin à ses jours. On pourrait être tenté de pencher pour la thèse d'un comportement suicidaire... s'il n'était pas sur le point d'épouser une jeune et jolie demoiselle !


S'il fut à nouveau question de la mort de Giguère dans l'actualité récente, ce n'était pas tant parce que des journalistes s'étaient donnés pour mission d'élucider son assassinat une fois pour toute, mais bien plutôt parce que les médias canadiens coast-to-coast  s'acharnèrent tous en choeur à fouiller le passé de celle qui avait l'amie de coeur de Maxime Bernier. Une révélation de taille passa pourtant inaperçue dans le flot quasi intarissable d'allégations, de commentaires éditoriaux et de blagues de mauvais goût que suscita l'affaire Couillard-Bernier.


Comme nous le verrons plus en détails ci-dessous, celui qui allait prendre pour épouse Julie Couillard, soit le motard Stéphane Sirois, aurait eu une conversation avec «Mom» Boucher lors de laquelle le «chef de guerre des Hells» lui aurait confié à mot couverts qu'il était celui qui avait été derrière le meurtre de Giguère. Il y a d'ailleurs tout lieu de penser que Sirois rapporta les dires de «Mom» à des policiers. Après l'éclatement de son mariage avec Couillard, Sirois se mis à travailler pour la police, à qui il raconta tout ce qu'il savait sur le milieu de la drogue et les Hells Angels. Sirois, qui était bien au fait de l'intérêt particulier que la police portait envers l'influent membre des Hells, n'a certainement pas passé sous silence le petit secret que «Mom» lui aurait révélé. Cette confidence a-t-elle relancée l'enquête policière sur l'assassinat de Giguère ? On est en droit d'en douter. Malgré l'apparente volonté de coopération de Giguère, la police semblait se laver les mains de sa mort au même titre que les médias traitèrent cette funeste affaire avec désintérêt et nonchalance.



Sources:


(33) La Presse, «Surprise, c'est Julie Couillard!», Hugo Dumas, 4 juin 2008.

(34) The Toronto Star, «Couillard linked to mobster», Sean Gordon and Peter Edwards, June 4, 2008, p. A2.

(35) EDWARDS Peter, «Frères de sang», Trait d'Union (2002), p. 19.

(36) The Globe and Mail, «Boxing and the mob – Bernier says Cotroni ran all Montreal boxing», Scott Disher, April 29, 1986, p. D1.

(37) La Presse, «Julie Couillard: avant les motards, les mafiosi», André Cédilot et André Noël, 3 juin 2008, p. A2.

(38) OUELLETTE Guy, LESTER Normand, «Mom», Les Intouchables (2005), p. 86.

(39) 7 Jours, vol. 19 no. 33, «L'avenir de Julie», Michèle Lemieux, p. 12.

(40) La Presse, «Les présumés receleurs arrêtés en Ontario devront répondre à une pluie d'accusations», Marcel Laroche, 18 juillet 1991, p. A3.

(41) La Presse, «La guerre des motards se poursuit», Marcel Laroche, 23 février 1995, p. A3.

(42) Le Journal de Montréal, «La guerre entre Hells et Rock Machine – La police découvre une seconde cache d'armes», Michel Auger, 22 février 1995, p. 2.

(43) La Presse, ««Mom» Boucher, chef de guerre des Hells, est libéré», Marcel Laroche, 28 octobre 1995, p. A20.

(44) La Presse, «Portrait de Julie Couillard – La tombeuse», André Cédilot, Hugo Dumas et André Noël, 14 juin 2008, p. A8.

(45) 7 Jours, vol. 19 no. 33, «Julie Couillard – Tout ce qui n'a pas été dit à la télé», Michèle Lemieux, p. 11.

(46) Allô Police, «La comédienne Julie Couillard dénonce Carcajou», Jean-Pierre Rancourt, 4 février 1996, p. 12-13.

(47) La Presse, «Des policiers de la SQ se parjurent et fabriquent des preuves, dit un ex-enquêteur», Yann Pineau, 31 mai 1995, p. A7.

(48) La Presse, «La Couronne entend contredire l'ex-caporal Rivest», Yves Boisvert, 11 novembre 1995, p. A4.

(49) La Presse, «Carcajou arrête un avocat et l'ex-flic Gaétan Rivest», André Cédilot, 19 décembre 1995, p. A3.

(50) Op. cit.

(51) The Gazette, «Case against me is total garbage: ex-Surete officer», Geoff Baker and Lisa Fitterman, December 20, 1995, p. A3.

(52) La Presse, «Un cadeau de Noël de Carcajou à Ménard, clament les avocats de Daudelin et Rivest», André Cédilot, 20 décembre 1995, p. A3.

(53) Le Devoir, «Présumé plan des Hell's – Mise en demeure de l'ex-caporal Rivest au ministre Ménard», Caroline Montpetit, 6 juin 1995, p. A6.

(54) La Presse, «Ménard aurait été piégé par les Hell's», Denis Lessard, 6 juin 1995, p. A5.

(55) «Mom», p. 91.

(56) La Presse, «Le Journal de Montréal et Serge Ménard poursuivis», Lucie Côté, 17 juin 1995, p. A30.

(57) La Presse, «L'avocat Daudelin libéré de toutes les accusations», Yves Boisvert, 27 février 1996, p. A3.

(58) La Presse, «Affaire Daudelin : le délateur de Carcajou est un manipulateur», Bruno Bisson et André Cédilot, 11 avril 1996, p. A1.

(59) La Presse, «Pas de preuve contre Gaétan Rivest», 29 février 1996, p. A3.

(60) La Presse Canadienne, «Gilles Daudelin touchera un dédommagement de 200 000 $», 10 mai 2001.

(61) La Presse, «Gilles Giguère enlevé par la police?», 28 avril 1996, p. A3.

(62) La Presse, «Un homme lié au milieu criminel trouvé assassiné», Raymond Gervais, 29 avril 1996, p. A3.

(63) Le Journal de Montréal, «Giguère, le pégreux, avait parlé avant d'être liquidé», Michel Auger, 30 avril 1996, p. 6.

(64) Allô Police, «Bras droit du caid 'Bob' Savard liquidé», Jean Fortier, 12 mai 1996, p. 10-11.

(65) La Presse, «Les policiers surveillaient l'avocat de Gaétan Rivest», Mathieu Perreault, 9 août 1996, p. A7.

(66) La Presse, «Méchants flics et bons bandits», Nathalie Petrowski, 1 décembre 1997, p. A5.

(67) Le Juste Milieu, vol. 1 no. 1, «Les polices (SQ, SPCUM, GRC)... Toutes du pareil au même ?», Gaétan Rivest, p. 22.

(68) Le Juste Milieu, vol. 1 no. 3, «L'inculpé assassiné», Gaétan Rivest et Robert Savard, p. 3-4.

(69) Le Juste Milieu, vol. 1 no. 2, «Corruption – Robert Octeau est chassé », Robert Savard, p. 3-4.

(70) La Presse, «L'ex-policier Rivest veut forcer ses accusateurs à témoigner», Marcel Laroche, 31 juillet 1996, p. A10.

(71) La Presse, «L'énigme du camion du pégriot assassiné Gilles Giguère rebondit en cour», André Cédilot, 9 octobre 1997, p. A3.



La veuve et le Rocker qui voulaient se sauver l'un et l'autre

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article